5.6.2 Sources et diffusion

5.6.2.1 RESERVOIR
Les légionelles colonisent de façon ubiquitaire les eaux douces naturelles et les sols humides ainsi que de nombreux milieux artificiels. Les sources de contamination par les bactéries pathogènes les plus souvent incriminées sont les installations dont la température de l’eau est comprise entre 25 et 42°C et qui produisent des aérosols.

La présence de dépôts de tartre ou de corrosion est un facteur favorisant le développement des légionelles (niche écologique, protection contre les oxydants, etc.). Les légionelles peuvent en outre coloniser d’autres micro-organismes (amibes ou autres protozoaires ciliés, etc.) dans lesquels elles survivent, se développent et contaminent le milieu après lyse de leur hôte.

Les principales installations pouvant produire des aérosols contaminés par des légionelles sont les suivants :
 ♦  Circuits de distribution d'eau chaude sanitaire alimentant par exemple des douches, des douchettes, etc.,
 ♦  Systèmes de refroidissement et tours aéroréfrigérantes humides
 ♦  Bassins utilisés pour la détente, la balnéothérapie ou le thermalisme dans lesquels l'eau est chaude (> 30°) et dispersée sous forme d’aérosols ou aérée par des systèmes d’injection d’air (bains à remous, bains à jet, etc.),
 ♦  Équipements médicaux pour traitements respiratoires par aérosols, eaux minérales naturelles utilisées à des fins thérapeutiques dans des établissements thermaux,
 ♦  Fontaines décoratives.

Parmi toutes ces sources, les circuits d'eau chaude sanitaire et les tours aéroréfrigérantes sont les plus fréquemment impliqués dans la survenue de cas de légionellose.
5.6.2.2 Transmission
La voie de transmission est aérienne par inhalation d'eau contaminée par des légionelles sous forme d'aérosols de taille inférieure à 5 µm (douche, vapeur, climatisation, nébulisateurs et humidificateurs d'appareils respiratoires).

Legionella pneumophila peut vivre 2 heures dans un aérosol dont l'humidité relative est de 65 %.

La voie digestive n'a pas été prouvée et aucun cas de contamination interhumaine n'a été rapporté
5.6.2.3 Effet sur l'hote
Les légionelloses se manifestent sous deux formes cliniques distinctes :

 ♦  la fièvre de Pontiac : syndrome pseudo-grippal bénin, ne s’accompagnant pas de pneumonie. La durée d’incubation varie de 5 heures à 4 jours (habituellement 24 à 48 heures). La guérison est habituellement spontanée en 2 à 5 jours. Le taux d’attaque (nombre de malades/nombre de personnes exposées) est de 95%.

 ♦  la maladie des légionnaires : pneumopathie aiguë grave, dont le traitement nécessite l’administration d’antibiotiques adaptés (macrolides, fluoroquinolones). La durée d’incubation est de 2 à 10 jours. La létalité, de l’ordre de 15%, peut atteindre 40% chez les malades hospitalisés et plus chez les immunodéprimés. Dans les épidémies, le taux d’attaque est de 0,1 à 0,5%. Les facteurs prédisposants à la maladie du légionnaire sont l’âge croissant, l’alcoolisme, le tabagisme, l’immunodéficience, les affections respiratoires chroniques.

De la légionella à la légionellose

Fiche d’information sur la légionellose

exemple de risque de legionellose dans le milieu professionnel : les tours refrigerees (TAR)
Une tour aéroréfrigérante est une installation de refroidissement qui repose sur un système d’échange air/eau, ce qui permet un meilleur rendement du transfert thermique que le refroidissement direct.

L’eau provenant du procédé à refroidir est dispersée en fines gouttelettes par des rampes de pulvérisation. Dans une tour dite « ouverte », comme on trouve généralement dans les centrales thermiques, l’eau traverse alors une surface d’échange appelée packing ou corps d’échange, au niveau duquel s’effectue le transfert thermique. Dans une tour à circuit fermé, l’eau circule dans un tuyau étanche, lui-même arrosé pour assurer le refroidissement. L’eau refroidie est collectée dans un bassin de rétention en bas de la tour avant de retourner vers le procédé à refroidir.

Une certaine quantité d’eau est prélevée régulièrement pour combler les pertes dues à l’évaporation au niveau de la tour.

Un exemple de TAR

5.6.2.4 Le risque de legionelle dans les TAR
Le risque se situe au niveau du panache de vapeur qui s’échappe de la tour. Il peut contenir des microgouttelettes qui sont, comme évoqué précédemment, un vecteur de contamination par la légionellose, par inhalation. Or cela représente non seulement un risque pour le travailleur de la centrale, mais également un risque pour la population environnante, qui peut présenter des sujets plus sensibles au niveau immunitaire. La TAR est donc, pour les centrales qui en sont équipées, clairement l’endroit où le risque Légionelle est le plus important, de part la taille du panache accroissant le nombre de cibles potentielles, et possiblement plus vulnérables. En France, 10 à 20% des cas de légionellose constatés chaque année seraient dus au fonctionnement de tours aéroréfrigérantes utilisant un système de refroidissement par voie humide humide(6).
5.6.2.5 Prevention et limitation du risque de legionellose dans les TAR
D’une manière générale, le bon entretien des circuits d’eau est le facteur principal de protection contre les légionelles, mais il existe aujourd’hui de nombreuses méthodes pour lutter contre Legionella, parmi lesquelles :

♦ Les composés chlorés : c’est la méthode utilisée en prévention notamment dans les réservoirs d’eau.
Le choc thermique : permet d’éliminer une partie des bactéries (qui généralement ne survivent pas au-delà de 60°C) en portant l’eau à une température de 70 à 80°C.
Les rayonnements UV qui agissent en provoquant la mutagénèse des cellules bactériennes et en empêchant ainsi leur reproduction.
L’ionisation cuivre-argent qui altère la membrane des micro-organismes.
La filt ration qui comme son nom l’indique va filtrer les légionelles de l’eau.

La méthode utilisée doit dans tous les cas être réfléchie en fonction du type d’installation à traiter en prenant garde de ne pas remplacer le risque biologique par un risque chimique (exemple des composés chlorés nocifs). Certaines méthodes peuvent être utilisées en synergie. Chaque méthode possède des caractéristiques différentes de mode d’action (mutagénèse, lyse cellulaire…), d’organismes cibles (légionelles, biofilm…) ou de durée d’efficacité (solution ponctuelle strictement curative ou solution durable préventive).

Le risque Légionelle est partout où l’eau peut se présenter sous forme d’aérosols. Néanmoins, les centrales thermiques font partie des installations dans lesquelles le risque est le plus important du fait de l’échauffement de l’eau et de certaines caractéristiques des circuits de refroidissement.
5.6.2.6 Elimination du risque grace aux aerocondenseurs?
La première étape dans la gestion d’un risque est d’essayer de l’éliminer. Dans le cadre du risque Légionelle, on pourrait penser qu’il suffit de remplacer les tours aéroréfrigérantes par des moyens de refroidissement secs pour éliminer le risque.

Mais l’utilisation des tours aéroréfrigérantes présente de nombreux avantages, notamment car elle permet un meilleur rendement. Par rapport à un refroidissement sec, elle présente plus précisément les atouts suivants :
 ♦ À surface égale, une TAR évacue 10 fois plus de chaleur.
 ♦ À puissance égale, le niveau sonore est bien moindre
 ♦ Une TAR utilise environ 7 fois moins d’électricité qu'un aérocondenseur.
 ♦ La surface occupée au sol est 11 fois moins importante.
 ♦ La température de refroidissement est plus basse en été (11 à 18°C).

D’une manière générale, la tour aéroréfrigérante à voie humide est le moyen de refroidissement le plus économique.


Sources :
-Ministère de la Santé et des Solidarités Direction Générale de la Santé Conseil supérieur d’hygiène publique de France Section des maladies transmissibles 27 mai 2005 Section des eaux 7 juin 2005 Le risque lié aux légionelles Guide d’investigation et d’aide à la Gestion 1er juillet 2005
-ANSES (2011) Méthodes et détection et de dénombrement de Legionelle dans l’eau
-Rapport de stage Master GRISSE promotion 2011-2012 MARIE Typhaine « Le risque de Légionelle dans les centrales de production d’électricité »