4.1.2 Pollution par des hydrocarbures

Ces dernières années, de nombreuses marées noires ont sillonné nos rivages (l’ Erika   en 1999, le  Prestige   en 2002…) La dernière explosion en date est celle de la plateforme pétrolière « Deepwater Horizon » le 20 avril 2010 dans le Golfe du Mexique, avec entre 1800 et 2600 tonnes de pétrole brut qui s’est dispersé chaque jour en mer, avec au total entre 350 et 700 millions de litres de pétrole déversé dans le golfe du Mexique.
Cet accident fait 17 blessés et 11 disparus.
Ces marées pollutions ne sont pas toujours accidentelles, des rejets d’hydrocarbures-déchets, licites ou illicites par des navires sont toujours observés. Ces rejets opérationnels, moins spectaculaires que les « marées noires », représentent l’essentiel des rejets d’hydrocarbures en mer.

La plate-forme Deepwater Horizon en feu

Le premier impact de ces marées correspond à une toxicité aiguë vis-à-vis de la flore et de la faune. Cette toxicité létale se fait essentiellement de façon mécanique par contact : c’est un engluement provoquant une asphyxie. Cette phase ne touche que les espèces sessiles (c’est-à-dire peu mobiles, en général fixées à un support). Les espèces vagiles fuiront les nappes de pétrole. C’est le cas des poissons et des mammifères marins. L’exception concerne certaines espèces d’oiseaux, qui du fait de leur comportement, remontent en surface « en aveugle » et peuvent de ce fait « percer » une nappe de pétrole.

Les hydrocarbures, moins denses que l’eau, stagnent en surface et perturbent les échanges gazeux avec l’atmosphère, pouvant provoquer la baisse de la teneur en O2 dissous. Les substances chimiques présentes dans le pétrole et ses dérivés ont leur toxicité propre, aigue (vertiges, nausées, irritations des muqueuses) ou chronique (atteinte de la peau, des poumons, du système nerveux central). Enfin reste les dangers liés au caractère inflammable voire explosif du pétrole.

Oiseaux mazouté

C’est ainsi que l’accident du Torrey Canyon , survenu le 18 mars 1967 entraînant le déversement de 121 000 tonnes de pétrole sur les Seven Stones, a provoqué la destruction de 100 000 tonnes d’algues et de 35 000 tonnes de poissons, de crustacés et de coquillages. Dans ce cas, en plus de l’action néfaste du pétrole, les autorités ont déversé des tonnes d’un détergent (dont la fonction était de disperser le pétrole), action qui s’est révélée très toxique. Mais dès le troisième mois après l’échouement la pollution était stabilisée et la toxicité du détergent très réduite. La recolonisation pouvait débuter et les peuplements se sont rétablis en une demi-douzaine d’années environ.

Le Torrey Canyon en train de couler

L’expérience due à cet accident fait que lors de l’échouage de l’Amoco Cadiz survenu le 16 mars 1978 et du déversement sur les côtes bretonnes de la totalité de sa cargaison (223 000 tonnes de pétrole léger et 4 000 tonnes de fuel lourd), les autorités n’ont pas utilisé de détergent. Les conditions météorologiques (mer très agitée) et la nature du pétrole (léger) ont entraîné une très forte émulsion du pétrole dans l’eau de mer (« mousse au chocolat »). Il en a résulté une catastrophe écologique à court terme inégalée. Une estimation de la biomasse détruite était de 260 000 tonnes en poids frais. Dans la baie de Morlaix, la réduction due à l’accident est de 20 % du nombre d’espèces, de 80 % de la densité des individus et de 40 % de la biomasse totale.
Après cette période, courte mais très traumatisante pour les organismes vivants, l’équilibre initial de l’écosystème est peu à peu retrouvé. Le temps pour revenir à l’équilibre dépend de l’écosystème, en particulier de sa situation géographique (zone froide ou tempérée) et varie de six à dix ans. (Amiard, Les risques chimiques environnementaux. Méthode d'évaluation et impacts sur les organismes., 2011)
 
Définition

mobiles, en mouvement, nomade.