Etudes chez l'homme :
Par voie digestive, le benzo[a]pyrène est absorbé rapidement. Chez le rat, moins de 20 % de la dose administrée par voie orale sont retrouvés dans la lymphe. Ce faible taux mesuré dans la lymphe pourrait être lié soit à une absorption incomplète, soit à un temps de passage court dans la circulation porte (INCHEM, 1987).
Par inhalation, l’absorption est rapide, mais dépend de la forme sous laquelle le benzo[a]pyrène est administré et plus spécifiquement de la taille des particules sur lesquelles il est adsorbé. Par voie cutanée, le taux d’absorption est estimé à 3 % après 24 heures sur un modèle in vitro de peau d’origine humaine (Kao, Patterson, & Hall, 1985).
Le benzo[a]pyrène est rapidement distribué dans les différents organes internes de quelques minutes à quelques heures (Kotin, Falk , & Busser, 1959). Du fait de sa forte liposolubilité, le benzo[a]pyrène est stocké dans les glandes mammaires et les autres organes riches en graisses. Il est ensuite progressivement relargué dans la circulation sanguine (INCHEM, 1987).
Métabolisme et mécanisme d'action du benzo(a)pyrène :
Il existe différentes voies métaboliques du benzo[a]pyrène comprenant de nombreuses réactions. Cependant, par rapport au risque cancérigène, la formation d’adduits à l’ADN semble être le mécanisme principal (INSERM, 2001). Dans ce cas, le benzo[a]pyrène a un métabolisme qui s’effectue principalement au niveau hépatique en deux phases. Dans un premier temps, le benzo[a]pyrène subit une oxydation induite par les cytochromes P450, ce qui donne lieu à la formation d’époxyde. Puis, après transformation par les époxy-hydrolases mitochondriales, il y a formation de dihydrodiols (voir partie Pour en savoir plus). Ces derniers sont alors oxydés en diol époxydes puis en tétrols par les cytochromes P450.
Les tétrols (molécule possédant quatre groupement alcool) sont capables de se lier de façon covalente aux macromolécules des cellules, et en particulier aux protéines et à l’ADN pour former des adduits. L’implication des adduits à l’ADN dans les mécanismes de cancérogenèse a été largement étudiée. Une partie de ces adduits, s’ils ne sont pas réparés*, s’accompagnent de mutations génétiques dans les tissus. De ce fait ce sont des agents d’initiation de la cancérogenèse. (voir partie Pour en savoir plus)
Adduit du BPDE avec une des bases de l’ADN
Crédits
Il y a un polymorphisme génétique des principales enzymes impliquées dans la formation de ces adduits. De plus, le métabolisme du benzo[a]pyrène peut être influencé par le métabolisme oxydatif (INSERM, 2001).
Le passage des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) dans le cytoplasme entraîne une induction spécifique de certaines enzymes métabolisant les xénobiotiques (Voir Annexe 5). En effet, un récepteur cytoplasmique très spécifique des HAP, l’ « aryl hydrocarbon receptor » (AhR) est lié à divers facteurs cytoplasmiques tels que les « Heat shock protein 90 » (Hsp90) et les « AhR interacting protein » (AIP). L’association entre l’AhR, Hsp90 et l’AIP confère au récepteur cytoplasmique une reconnaissance spécifique et optimale vis à vis de certains ligands et notamment les HAP dont le benzo[a]pyrène.
Le benzo[a]pyrène et ses métabolites sont principalement éliminés dans les fèces (70 à 75%). Seuls 4 à 12 % sont éliminés par voie urinaire. L’élimination par voie urinaire se fait à 80% sous la forme de métabolites (métabolites polaires et dérivés phénoliques) et très faiblement sous la forme de benzo[a]pyrène non métabolisé (Yamazaki & Kakiuchi, 1989).
*Réparation de l’ADN : Il existe deux types de voies de réparation, la réparation par excision de nucléotides (NER) et celle qui prend en charge principalement des petites liaisons qui entraînent une modification chimique de l’ADN (BER).
En savoir plus
Document en anglais sur les dihydrodiols : http://drugmetabolism.co.uk/DihydrodiolDH.aspx