Les substances prioritaires dangereuses sont celles que l’on qualifie de CMR c’est-à-dire Cancérogènes, Mutagènes et Reprotoxiques. La Directive européenne sur les substances dangereuses de 1976 (76/464/CEE) a retenu 129 substances chimiques toxiques et bioaccumulables. De plus, les valeurs limites d’émission pour 18 substances de la « liste noire » (mercure, cadmium, hexaclorocyclohexane, tétrachlorure de carbone, DDT, pentachlorophénol…) ont été établies.
Parmi ces CMR, on distingue trois catégories en fonction du degré de connaissances et de certitudes que l’on a sur la substance ou la préparation :
Parmi ces CMR, on distingue trois catégories en fonction du degré de connaissances et de certitudes que l’on a sur la substance ou la préparation :
- CMR de catégorie 1, substances et préparations que l'on sait être CMR pour l'homme.
- CMR de catégorie 2, substances et préparations pour lesquelles il existe une forte présomption que l'exposition de l'homme à de telles substances et préparations peut provoquer ou augmenter la fréquence d’apparition des effets CMR cités ci-dessus.
- CMR de catégorie 3, substances et préparations préoccupantes pour l'homme en raison d'effets CMR possibles mais pour lesquelles les informations disponibles sont insuffisantes pour classer ces substances et préparations dans la catégorie 2.
2.4.2.1 Substances cancérigènes
Un cancérogène ou cancérigène est un facteur provoquant, aggravant ou sensibilisant à l'apparition d'un cancer. Cela peut être un produit chimique simple ou complexe, une exposition professionnelle, des facteurs de risque liés au mode de vie ou encore des agents physiques et biologiques.
Il existe deux classifications de la cancérogénicité des substances, celle de l'Union européenne et celle du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Ce dernier évalue les dangers liés à des substances, mais également des groupes de produits, des mélanges, des agents biologiques et des situations professionnelles qui sont répartis en 4 groupes :
Il existe deux classifications de la cancérogénicité des substances, celle de l'Union européenne et celle du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Ce dernier évalue les dangers liés à des substances, mais également des groupes de produits, des mélanges, des agents biologiques et des situations professionnelles qui sont répartis en 4 groupes :
- groupe 1, l’agent (le mélange) est cancérogène pour l’homme ;
- groupe 2, subdivisé en 2A, l’agent (le mélange) est probablement cancérogène pour l’homme et 2B, l’agent (le mélange) est peut-être cancérogène pour l’homme ;
- groupe 3, l’agent (le mélange, les circonstances d’exposition) ne peut pas être classé quant à sa cancérogénicité pour l’homme ;
- groupe 4, l’agent (le mélange, les circonstances d'exposition) n’est probablement pas cancérogène pour l’homme
2.4.2.2 Substances mutagènes
Les mutagènes (M) sont des substances et préparations qui, par inhalation, ingestion ou pénétration cutanée, peuvent produire des défauts génétiques héréditaires ou en augmenter la fréquence. Un agent mutagène est donc un agent qui change le génome (en général l'ADN) d'un organisme et élève ainsi le nombre de mutations génétiques au-dessus du taux naturel. Les mutagènes sont en général des composés chimiques ou des radiations. Les mutations, en dehors de celles qui affectent les cellules reproductives, ne sont pas nécessairement inoffensives car si elles n'induisent pas toutes des cancers, elles constituent la première étape nécessaire vers la cancérisation.
2.4.2.3 Substances reprotoxiques
Les substances reprotoxiques sont les substances qui possèdent un caractère toxique sur la reproduction et/ou le développement de l’embryon et qui sont donc susceptibles d’engendrer une altération des fonctions de reproduction humaine ou du produit de la conception lors d’une exposition. La reprotoxicité désigne ce qui est toxique pour la reproduction, en particulier ce qui peut entraîner la stérilité, ou être tératogène . La reprotoxicité peut toucher l’homme ou les animaux.
Complément
Voir L'annexe 5 : Substances cancérigènes
2.4.2.4 Un exemple de neurotoxicité : Le saturnisme
Le plomb est à lorigine dune maladie : Le saturnisme. Cette maladie nest pas limitée quà lhomme ou aux mammifères, elle touche de très nombreuses autres espèces. Ceci est particulièrement vrai pour les anatidés. Les espèces les plus affectées sont les canards plongeurs (fuligules) et les canards de surface granivores (colvert, pilet) mais les limicoles, notamment les bécassines, sont aussi concernés.
Les signes du saturnisme chez les oiseaux d’eau sont une baisse de la fertilité (diminution de la taille de la ponte et du poids des œufs), une hausse de la mortalité due à la prédation et aux maladies et une diminution des réserves énergétiques. L'exposition des oiseaux d'eau au saturnisme est un fait reconnu dans le monde et est due au fait que les anatidés (canards, cygnes, oies, sarcelles…), mais également certains rallidés (poules d’eau, râles, marouettes…) et limicoles (petits échassiers comme la bécasse), ingèrent des plombs de chasse répandus dans les eaux et s'en servent comme « grit », petits graviers qu'ils stockent normalement dans leur gésier afin de broyer leurs aliments. Le « grit » remplace donc chez ces espèces le rôle des dents.
En France, ce sont environ 250 millions de cartouches par an, tous tirs confondus (3/4 pour la chasse soit plus de 6 000 t.an-1 de plomb et 1/4 pour le ball-trap soit plus de 2 000 t.an-1). Si chacun des 1,4 millions de chasseurs français ne tirait qu'une seule cartouche par an, il y aurait déjà 46,6 t de plomb dispersées dans la nature (466 t en 10 ans). Les 200 à 300 billes de chaque cartouche de chasse contiennent 30 à 35 grammes de ce poison. L'immense majorité des plombs de chasse ne finissent jamais leur course dans l'aile d'un canard chipeau ou sous le jabot d'une oie cendrée. La plupart des projectiles se retrouvent sur les berges ou bien coulent au fond des mares, des estuaires et des autres zones humides.
La cause principale du saturnisme des oiseaux d'eau est due à l'utilisation de la grenaille de plomb à la chasse. Des études et des expérimentations ont bien démontrées que la mortalité directe due à l'ingestion d'un seul plomb est faible mais qu’elle devient importante dès l'ingestion de trois plombs. La plombémie a, de plus, un effet négatif sur l'acquisition et le stockage des réserves énergétiques, d'où une possible faiblesse des oiseaux devant reprendre la migration. La plombémie ne semble pas affecter la fertilité des mâles, mais réduit celle des femelles (taille des pontes corrélée négativement à la plombémie et diminution de la taille et de la masse des œufs). De plus, la remise en circulation ultérieure dans le sang du plomb stocké dans les os a été constatée.
Des millions d'oiseaux meurent chaque année, toute la chaîne alimentaire est touchée. En 1976, l’US Fish and Wildlife Service a estimé que 2 à 3 % des oiseaux d’eau (soit 2 à 3 millions) dénombrés à l’automne aux États-Unis mourraient chaque année du saturnisme.
Les signes du saturnisme chez les oiseaux d’eau sont une baisse de la fertilité (diminution de la taille de la ponte et du poids des œufs), une hausse de la mortalité due à la prédation et aux maladies et une diminution des réserves énergétiques. L'exposition des oiseaux d'eau au saturnisme est un fait reconnu dans le monde et est due au fait que les anatidés (canards, cygnes, oies, sarcelles…), mais également certains rallidés (poules d’eau, râles, marouettes…) et limicoles (petits échassiers comme la bécasse), ingèrent des plombs de chasse répandus dans les eaux et s'en servent comme « grit », petits graviers qu'ils stockent normalement dans leur gésier afin de broyer leurs aliments. Le « grit » remplace donc chez ces espèces le rôle des dents.
En France, ce sont environ 250 millions de cartouches par an, tous tirs confondus (3/4 pour la chasse soit plus de 6 000 t.an-1 de plomb et 1/4 pour le ball-trap soit plus de 2 000 t.an-1). Si chacun des 1,4 millions de chasseurs français ne tirait qu'une seule cartouche par an, il y aurait déjà 46,6 t de plomb dispersées dans la nature (466 t en 10 ans). Les 200 à 300 billes de chaque cartouche de chasse contiennent 30 à 35 grammes de ce poison. L'immense majorité des plombs de chasse ne finissent jamais leur course dans l'aile d'un canard chipeau ou sous le jabot d'une oie cendrée. La plupart des projectiles se retrouvent sur les berges ou bien coulent au fond des mares, des estuaires et des autres zones humides.
La cause principale du saturnisme des oiseaux d'eau est due à l'utilisation de la grenaille de plomb à la chasse. Des études et des expérimentations ont bien démontrées que la mortalité directe due à l'ingestion d'un seul plomb est faible mais qu’elle devient importante dès l'ingestion de trois plombs. La plombémie a, de plus, un effet négatif sur l'acquisition et le stockage des réserves énergétiques, d'où une possible faiblesse des oiseaux devant reprendre la migration. La plombémie ne semble pas affecter la fertilité des mâles, mais réduit celle des femelles (taille des pontes corrélée négativement à la plombémie et diminution de la taille et de la masse des œufs). De plus, la remise en circulation ultérieure dans le sang du plomb stocké dans les os a été constatée.
Des millions d'oiseaux meurent chaque année, toute la chaîne alimentaire est touchée. En 1976, l’US Fish and Wildlife Service a estimé que 2 à 3 % des oiseaux d’eau (soit 2 à 3 millions) dénombrés à l’automne aux États-Unis mourraient chaque année du saturnisme.