2.3 Le Bisphénol A (BPA)

 

2.3.1 Identification

Source principale : (ANSES, 2011(2010). CMR, substitution des cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction. Récupéré sur Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail: http://www.afsset.fr/index.php?pageid=1173&parentid=424)
2.3.1.1 Structure
Le bisphénol A, ou BPA, est une molécule chimique de formule C15H16O2.

Structure du bisphénol A

2.3.1.2 Origine et utilisation
Le bisphénol A ou BPA (2,2-bis(4-hydroxyphényle) propane, N° CAS 80-05-7) est un produit chimique phénolique utilisé depuis plus de 50 ans, principalement comme monomère dans la production de plastiques polycarbonate et de résines époxydes. Il est également utilisé comme composant des résines polyester, polysulfone et polyacrylate et intervient dans la synthèse des ignifugeants. Les polycarbonates entrent dans la composition d’un très grand nombre d’objets courants (CD, lunettes, bouteilles plastiques, biberons), alors que les résines époxydes sont principalement utilisées pour réaliser le revêtement des boîtes de conserves ou des amalgames dentaires. Le BPA est aussi utilisé comme révélateur dans les papiers thermiques.

En 2006, la production mondiale de BPA s'élevait à environ 3,8 millions de tonnes, utilisées aux deux tiers pour la fabrication du polycarbonate et pour un tiers pour celle de résines. Le BPA serait l'un des produits chimiques les plus produits au monde, pour un marché mondial de 6 milliards de dollars, ce qui implique des enjeux économiques importants.
2.3.1.3 Mode d'action du bisphénol A et toxicité
Le BPA a été listé en tant que perturbateur endocrinien de catégorie 1 (CE, 2002; DHI, 2007), mais l’ensemble de ses mécanismes d’action ne sont pas encore connus.

Un nombre croissant d’études in vitro ou moléculaires suggère que le BPA pourrait interagir avec des récepteurs aux œstrogènes, ainsi qu’avec d’autres récepteurs cellulaires (notamment récepteurs aux androgènes, aux hydrocarbures aromatiques, aux hormones thyroïdiennes). L’implication de plusieurs de ces systèmes lors d’une exposition au BPA pourrait expliquer certains effets observés à des faibles doses, du fait d’une synergie d’action possible, mais aussi les relations dose-réponse non monotones rapportées dans certaines études. En effet, on peut très bien imaginer que des réponses fortes à des faibles doses sur une voie hormonale donnée, puissent déclencher des phénomènes de rétrocontrôle, bien connus pour certaines hormones, et qu’à des doses plus élevées de BPA, les effets observés soient moindres.

Enfin, des mécanismes d’action autres que ceux passant par des liaisons à des récepteurs hormonaux sont également évoqués, tels que l’activation de l’expression de certains gènes au niveau embryonnaire, ou la modulation de systèmes de second messager.

Le lien entre l’exposition au BPA et certaines pathologies, telles que cancers de la prostate ou du sein, obésité, diabète, dysfonctionnements thyroïdiens, troubles du comportement et de la reproduction reste un sujet discuté.

Le BPA fait depuis quelques années, l’objet d’une attention particulière au niveau international. Au vu des inquiétudes soulevées par cette substance, le Canada est devenu, le 11 mars 2010, le premier pays dans le monde à interdire les biberons contenant du BPA. Aux États-Unis, plusieurs États ont interdit le BPA dans les biberons et les six principaux fabricants de biberons ont déjà cessé toute commercialisation des articles contenant du BPA. En France, à l’issue de sa récente expertise de 2010, l'Afssa (aujourd’hui Anses) avait également reporté des« signaux d'alerte » identifiés dans la littérature. La loi «tendant à suspendre la commercialisation de biberons produits à base de bisphénol A » a été publiée au journal officiel le 1er juillet 2010.
 
Référence bibliographique

ANSES. - (2010). CMR, substitution des cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction. Récupéré sur Agence nationale de sécurité sanitaire, de l'alimentation, de l'environnement et du travail: http://www.afsset.fr/index.php?pageid=1173&parentid=424

Définition

molécule qui mime, bloque ou modifie l’action d’une hormone et perturbe le fonctionnement normal d’un organisme

Définition

Définition de l’EFSA (European Food Safety Authority) : selon l’hypothèse de la faible dose, il est possible que des substances entraînent des effets indésirables à faibles doses, mais pas nécessairement à certaines doses plus élevées. Elles ne suivent donc pas la courbe dose-réponse classique, selon laquelle les effets indésirables sont plus probables lorsque les doses sont plus élevées. Au contraire, elles peuvent suivre un autre type de courbe dose-réponse, une courbe en forme de U avec des effets observés à des doses faibles ou élevées, mais pas à des doses intermédiaires. Une telle courbe dose-réponse est désignée par l’expression «courbe dose-réponse non monotone.