10.1 Le type Ville balnéaire/Métropole balnéaire
Dans les grandes stations balnéaires, nous pourrions nous attendre à une concentration de l'activité commerciale sur le front de mer. A l'exception des hôtels et des restaurants-cafés, les commerces de détail proprement dits ne s'y localisent pas, la pression foncière étant trop importante.
L'un des éléments qui permet de caractériser une station touristique, c'est la promenade. Conçue au XIXe siècle, elle favorise la vie mondaine et permet de profiter du panorama et de l'air marin. Dès 1820-1830, les premières stations se dotent de ces vastes boulevards de bord de mer. Le mouvement s'amplifie dans la seconde moitié du XIXe siècle. La promenade des Anglais à Nice, la Croisette à Cannes sont autant de figures emblématiques de ces grandes stations. Les compagnies privées de chemin de fer de l'époque ont contribué à la promotion de ces stations en placardant dans leurs gares des affiches présentant ces espaces incontournables à fréquenter, car centres de la vie mondaine.
Mais cette urbanisation du front de mer est assez tardive. Ainsi, Nice se développe vers l'intérieur, puis sur la colline de Cimiez qui tourne le dos à la mer selon l'usage de l'époque. A partir des années 1860-1865, les villégiatures sont plus nombreuses, les modes changent. Dans ces conditions, la pression est plus forte en bord de mer. Avec l'arrivée du chemin de fer sur la Riviera (1865), l'hôtellerie de luxe apparaît en arrière des promenades. Peu à peu les villas sont remplacées par des immeubles parfois d'une dizaine d'étages, formant un fort contraste avec les quartiers immédiats, relativement peu urbanisés. C'est une véritable ville-boulevard à qui la promenade maritime donne naissance. De commerces, il n'y en a peu, dans ces quartiers touristiques, la plupart des villégiatures se déroulant dans le cadre de ces grands hôtels littoraux comme Le Négresco ou le Beaurivage à Nice, le Carlton à Cannes.
De nos jours, si Nice est toujours une ville balnéaire, elle est aussi une métropole de 943 000 habitants (2017). Deux centralités commerciales se distinguent, ayant un lien avec le tourisme : d'une part l'Avenue Jean Médecin, perpendiculaire à la Promenade des Anglais, concentrant les commerces que l'on peut retrouver dans tout centre-ville d'une métropole française (+ effet frontière avec une clientèle italienne – excursionnistes + croisiéristes), et d'autre part, la « Vieille ville » caractérisée par du commerce du quotidien (alimentaire) pour la population résidante et par des commerces visant une clientèle touristique (restaurants, bars, spécialités alimentaires niçoises, galeries d'art, etc.).
La frontière entre commerces à vocation touristique et commerce métropolitain est évidemment très floue. Ainsi, l'attractivité de Nice pour des cadres supérieurs nationaux voire internationaux peut-être renforcée par l'existence de cette activité touristique une grande partie de l'année, qui fournit des ambiances de rue, une offre commerciale intéressante qui se décline du luxe (grands couturiers, bijoutiers de renoms internationaux) dans les rues relativement calmes de l'arrière de la Promenade des Anglais, à une offre plus basique comme celle de l'Avenue Jean Médecin(et plateau piétonnier adjacent) attirant les touristes de passage et les populations des quartiers périphériques du Nord de la ville. On peut ainsi opposer un centre-masse relativement bien localisé et desservi par le tramway à un centre luxe (Exception faite de la rue de Verdun, entre l'Avenue Jean Médecin et l'amorce de la promenade des Anglais (Bijouteries Cartier, Rolex, Chaumet ; Hermès, Vuitton, Chanel, Iro, etc).), plus diffus, recherchant le calme, une clientèle peu nombreuse mais fortunée, souvent étrangère (russe entre autres) se déplaçant en voiture.
Quant à la « vieille ville » caractérisée par sa morphologie urbaine méditerranéenne (dense, labyrinthique) qui s'est développée sous la protection de la citadelle qui la domine, à l'instar du vieux centre de Saint-Tropez, de Cannes ou de Monte Carlo (schéma spatial de la ville balnéaire méditerranéenne), elle est adaptée à la déambulation piétonnière et donc attractive pour les touristes en recherche « d'authenticité méditerranéenne ».