11. Structures de l'appareil commercial des stations balnéaires

Principal questionnement de cette deuxième partie, la concentration de touristes dans les stations balnéaire suscite-t-elle une organisation spécifique de l'appareil commercial ?

La réponse du géographe est évidemment nuancée selon les espaces considérés : front de mer, centre de la station balnéaire, périphéries commerciales

  • Sur le front de mer des grandes stations balnéaires (se confondant dans la plupart des cas avec le front de plage), les commerces sont rares, la fonction résidentielle dominant.

    Dans les petites stations ou sur les quais des ports de plaisance se localisent les HÔtels-REstaurants-CAfés (HORECA), ce qui fait l'élément structurant de la station, voire son image touristique. Tant au niveau des enseignes (La Cabane du Breton pour une crêperie, Saveurs et marées, La criée, la misaine pour des restaurants ; le café du port, etc......) que des spécialités, les restaurateurs sont en recherche « d'authenticités locales » sous la forme de crêperies bretonnes, de spécialités picardes, normandes ou méditerranéenne, ou de produits de la mer parfois pêchés à proximité, parfois importés de loin.

  • Le centre commerçant de la station balnéaire, se résume souvent à un axe commerçant perpendiculaire au littoral, piétonnier, semi-piétonnier, regroupant la plupart des commerces franchisés ou succursalistes.

    Le shopping étant une activité importante dans la station balnéaire, cette activité se doit d'être concentrée dans l'espace pour devenir attractive.

    Il s'agit de commerce de l'équipement de la personne (au trois quart féminin), de l'équipement de la maison (vaisselle, accessoires, cadeaux), d'articles de souvenirs, c'est-à-dire des commerces de centre-ville des grandes agglomérations françaises.

    Les niveaux de standing de ces commerces et donc les prix varient selon la clientèle visée.

ComplémentDocument n°2: Profil commercial de la Rue Saint-Jean au Touquet - Septembre 2019

Types de commerce

Nombre de commerces

Enseignes nationales

Vêtements femmes

48 commerces

Comptoir des cotonniers, Promod, Caroll, Mango, IKKS, Gérard Darel

Vêtements hommes

10 commerces

Lacoste, IKKS

Vêtements enfants

4 commerces

Catimini

Chaussures (H/F)

10 commerces

Platinium, Sneakers

Bijouteries : accessoires/maroquinerie

5 commerces

Total Équipement de la personne

78 commerces

57% du total

Entretien de la personne (parfumeries, optiques, pharmacie)

11 commerces

Nocibé, Marionnaud

Alimentaire

4 commerces

La Belle-Îloise

Bars – restaurants – crêperie

20 commerces

Pas d'enseignes nationales

Services (immobilier, banque)

8 commerces

Banques et agences immobilières nationales

Autres

8 commerces

Cellules vides

8 cellules (6% du total)

Total des cellules commerciales

137 unités

Source : repérage des commerces de la rue Saint-Jean au Touquet par Street view via Google Earth daté de septembre 2019.

Plus de la moitié des commerces et des services (57%) sont des commerces de réseaux (franchises ou succursalistes de grands groupes de la distribution) ; le reste appartient à des commerçants indépendants. (Sur le plan commercial il faut opposer les commerces indépendants et les commerces de réseau. Ces derniers qu'ils soient des succursalistes (c'est-à-dire des commerces appartenant à un grand groupe comme Promod, Lacoste ou Mango – on peut aussi parler de commerces intégrés) ou des franchisés (commerçants indépendants mais liés à un franchiseur comme Yves Rocher, Esprit, La Fée Maraboutée, etc.) s'appuie sur un réseau qui leur permet des achats groupés à meilleurs prix, une logistique, une visibilité nationale voire internationale)).

Si l'on ne retient que les commerces ouverts (sans les services et les HORECA), le taux atteint 72 %, ce qui est un résultat proche des hypercentres des centres-villes des métropoles françaises. C'est donc là, une des originalités de ces stations balnéaires : d'être dans la cour des grands avec une population résidente peu nombreuse (4300 habitants en 2015 pour la commune ; 45 000 habitants pour l'unité urbaine d'Etaples qui englobe, entre autres, Le Touquet).

Quelques remarques sur la rue commerçante du Touquet qui pourraient être généralisées à d'autres stations balnéaires :

137 commerces sur une longueur de 700 mètres de large, cela permet une densité maximum au linéaire de rue. Aux intersections, quelques commerces dans les rues adjacentes sur moins d'une centaine de mètres. Cette structuration commerciale correspond aux hypercentres de nos villes moyennes et petites métropoles.

Dans la première partie, près du littoral, le commerce en réseau est inexistant avec beaucoup de restaurant café. Le coût de l'immobilier commercial est relativement bas (alors que la proximité de la plage permettrait d'attendre un autre schéma). C'est dans sa dernière partie, à proximité du secteur du « Village Suisse », le « triangle d'or » résidentiel, que les enseignes nationales et internationales sont les plus nombreuses.

Plus de la moitié des commerces et des services (57%) sont des commerces de réseaux (franchises ou succursalistes de grands groupes de la distribution) ; le reste appartient à des commerçants indépendants.

Si l'on ne retient que les commerces (sans les services et les HORECA), le taux atteint 72 %, ce qui est un résultat proche des hypercentres des centres-villes des métropoles françaises.

Enfin, la vacance commerciale est faible (6%) alors que dans les villes de plus de 20 000 habitants en France (hors la commune de Paris) elle est de 12% en 2019. Actuellement, en France, seules les centres-villes des grandes métropoles et les villes touristiques (balnéaires, thermales ou de montagne) avoisinent ce faible pourcentage.

  • Les périphéries commerciales des stations balnéaires fonctionnent très bien même si, image de marque oblige, elles sont rarement mises en avant dans l'information aux touristes. Localisées aux entrées principales de la station balnéaire, elle fonctionne comme des filtres pour les entrants et les sortants. Elles s'adressent à une population locale aux revenus modestes, à la population en villégiature notamment les retraités, mais aussi à l'ensemble des touristes qui y trouvent une offre complète, une offre de produits locaux, et surtout des modes de consommation similaires à celles de leurs villes d'origine.

L'ensemble Le Pouliguen - La Baule - Pornichet (population résidente de 31 000 habitants pour une population touristique en juillet-août estimée à plus de 300 000 habitants par la collectivité locale) est ceinturé, à moins de 5 km du front de mer par 5 hypermarchés et une grande zone d'activités commerciales aux portes Ouest de Saint-Nazaire.

Synthèse :

Le commerce des stations balnéaires s'est structuré en pôles commerciaux (hypercentre, pôles périphériques ; faiblesse ou inexistence du commerce de proximité) comme l'ensemble des villes françaises.

Seul, l'hypercentre souvent limité à une rue commerciale détonne par son offre commerciale digne d'une métropole.