12. Les touristes ont-ils des modes de consommation spécifiques ?
Quelques spécificités des modes de consommation des touristes des stations balnéaire
Les temporalités du commerce dans ces stations balnéaires sont spécifiques.
Tout d'abord, il s'agit de commerces plus saisonniers, notamment dans les petites stations, avec une saison estivale souvent limitée à deux mois avec une avant-saison et une arrière-saison plus ou moins développées selon la taille et selon le climat : ainsi, dans les villes balnéaires voire les métropoles balnéaires comme Nice, Canne, La Rochelle, les commerces sont ouverts toute l'année.
La proximité des grandes villes émettrices de touristes joue un rôle dans le maintien des commerces une grande partie de l'année et dans l'ouverture le dimanche (Le Touquet-Paris-Plage avec Paris, La Baule avec Nantes, Angers et dans une moindre proportion Paris) avec un commerce autorisé à ouvrir car en zone touristique (Loi du 6 août 2015)
Des temporalités spécifiques la nuit notamment pour les cafés-restaurants.
Le temps des courses, en vacances, est bien moins contraint que dans le reste de l'année, d'où l'engouement pour les marchés de plein air, toujours présents dans les stations avec parfois des déclinaisons plus locales comme les « marchés de producteurs » ce qui permet au touriste de trouver de « l'authenticité » et de permettre un élargissement à l'arrière-pays. En cela, les stations balnéaires ne se distinguent pas des autres localités touristiques.
De la même façon, ces urbains devenus touristes pour quelques jours ou quelques semaines auront tendance à rechercher des circuits-courts bio ou non, sous la forme d'AMAP, de La Ruche qui dit oui ou de drives fermiers, transposant dans la station balnéaire leurs nouveaux comportements d'achat dans leurs villes de résidence à l'année. Ceci dit, dans les grandes stations balnéaires à clientèle aisée, l'offre semble dérisoire, indiquant sans doute le peu d'intérêt pour ces nouvelles formes d'approvisionnement.
Les synergies Tourisme/commerce fonctionnent dans les deux sens
L'afflux de touristes peut avoir une influence sur l'appareil commercial d'une ville relativement proche d'une station balnéaire.
C'est ainsi le cas de grands centres commerciaux du littoral méditerranéen qui visent une clientèle locale mais aussi touristique. Le plus bel exemple est sans doute Odysseum à Montpellier qui a progressivement ouvert ses portes dans les années 2000. Pour assurer le succès de cette nouvelle zone commerciale, la collectivité locale a préféré anticiper l'arrivée des grandes surfaces en ouvrant patinoire, planétarium, aquarium. Les investissements privés suivront avec un multiplexe et une trentaine de restaurants. Quant au centre commercial proprement dit, il s'est ouvert en 2009, regroupant la moitié de la surface commerciale du site, auquel il faut ajouter quelques locomotives commerciales qui lui confèrent une attraction régionale comme Ikéa. Avec un total de 90 000 m2 de surface de vente, Odysseum est devenu le premier pôle commercial de l'agglomération de Montpellier (440 000 habitants en 2017), bien connecté au centre-ville historique par le tramway, aux grandes autres villes et à l'ensemble du littoral touristique du Languedoc-Roussillon par l'autoroute, la Languedocienne.
Le succès d'Odysseum n'a pu se réaliser qu'avec l'afflux des touristes des stations de La Grande-Motte (20 km), Port-Camargue (32 km), Cap-d'Adge (69 km) durant l'été, sans compter les personnes en villégiature une partie de l'année.
Cette alliance entre le commerce et les loisirs que les spécialistes nomment le fun shopping est bien plus développée pour certaines destinations lointaines jusqu'à en faire le motif principal de déplacement comme pour les « malls » futuristes de Dubaï, de Pékin ou des USA (mais vieillissant). En France, Odysseum reste une exception même si d'autres centres commerciaux tentent de développer le fun shopping, notamment en renforçant l'offre avec un multiplexe et un pôle de restauration.