3.1 Le tourisme en 2050
Dans une étude de Touriscopie, avec le soutien de la Direction générale des entreprises, portant sur le "Tourisme en 2050, quelques idées pour le futur", Vivek Badrinath, directeur général adjoint d'AccorHotels, en charge du marketing, du digital, de la distribution et des systèmes d'information, apporte son témoignage expliquant que "le tourisme sera pour les habitants de la terre entière un produit de grande consommation répondant à de réels besoins de rencontres". Une dimension humaine qui rejoint celle de la plupart des observateurs.
Pour le géographe Vincent Coëffé, « le tourisme est fondamentalement urbain : inventé par des citadins, il en porte les valeurs et les normes, en incarne les pratiques ». La naissance du tourisme s'appuie sur la création de quartiers, voir de stations touristiques. Si la voiture a permis dans les années 1960, la mise en tourisme de l'ensemble du territoire, des polarités touristiques demeurent et se renforcent même depuis plusieurs décennies.
Avant les années 2000, les destinations touristiques privilégiées en France par les Français, étaient les littoraux, suivi de la montagne, des villes puis venait la campagne avec de grandes disparités, les châteaux de la Loire, la route des vins en Alsace étant largement plus attractifs que le Perche ou le Poitou. Depuis les années 2000, avec le renforcement de la Métropolisation, les capitales (Paris, Londres, Berlin, Rome) mais aussi les métropoles régionales (Nice, Bordeaux, Toulouse, Nantes) attirent de plus en plus de touristes, à l'occasion de certains événements, Marché de Noël de Strasbourg, nuit des Lumières à Lyon, mais aussi par la mise en valeur des patrimoines urbains, industriels, végétaux (Nantes, Marseille, Bordeaux). Cet attrait pour les métropoles s'inscrit dans des pratiques touristiques de courte durée, le temps d'une fin de semaine, de quelques jours. L'offre de package ville et escapade découverte, pourrait se généraliser profitant aux stations balnéaires proches des Métropoles : le Bassin d'Arcachon, Dinard/Saint-Malo, Pornic/ La Baule/Les Sables d'Olonne, Cassis, La Grande-Motte. On assistera sans doute au renforcement des territoires de marque autour des Métropole structurées autour des thématiques liées à l'art de vivre et aux savoir-faire locaux, aux loisirs.
Dans un monde connecté et offrant tout autant de durée de temps non travaillé, cette inflexion pour des destinations connectées aux aéroports régionaux risque de se poursuivre. Si l'avion ne constitue plus le moyen de transport privilégié, les trains à très grande vitesse qui relieront les métropoles prendront le relais.
En parallèle, pour d'autres touristes plus écolo ou pour le touriste ordinaire qui pourra en fonction des occasions choisir une escapade dans une métropole le temps d'une fin de semaine, un séjour en famille ou un mode de tourisme plus durable et solidaire. D'autres formes de tourisme pourraient se renforcer comme le slow tourisme qui est un nouveau concept de voyage qui s'inspire du slow food, un mouvement incitant à prendre le temps de découvrir une destination à pied, à vélo, en train, en roulotte, à cheval, en bateau, d'apprécier les paysages, en privilégiant notamment des destinations proches et des moyens de transports moins polluants.
Ce type de tourisme, permet de vivre au plus près de la population locale sans programme bien établi et loin des foules en choisissant des circuits moins empruntés.
La carte du taux de fonction touristique en 2016, qui ne prend pas en compte la Métropolisation du tourisme, montre ici les permanence des territoires touristiques, et on peut imaginer une inertie de ces fonctions en 2050.
« Trop de tourisme tue le tourisme », cette théorie avancée dans les années 1970, pour prédire la perte d'intérêt des destinations des Baléares ou de la Costa del Sol en Andalousie, ne s'est pas confirmée... au contraire, les touristes majoritairement urbain et de culture citadine, recherchent les stations urbaines offrant le plus d'offre de loisirs, diurnes et nocturnes. Il existe un décalage entre la plage qui fait rêver (naturelle, déserte) et celle que l'on pratique. Même sur les lieux peu fréquentés, les surfeurs ont tendance à se regrouper autour de la plus belle vague.
Sur les 1900 questionnaires remplis lors de la consultation publique « ma plage en débat » organisée par la Direction Départementale des Territoires et de la Mer de l'Hérault du 16 mai au 21 juin 2019, 64% des enquêtés préférèrent les plages naturelles mais ils sont aussi les plus nombreux a vouloir davantage de services, ou au moins le maintien de l'existant, et les paillotes sont réclamées comme des lieux de convivialité.
Finalement cette recherche d'animation, devrait permettre aux stations balnéaires de conserver leur attractivité... et cette polarisation est nécessaire si par ailleurs on veut préserver écosystèmes et paysages sous pression de populations plus nombreuses.
Les stations touristiques les plus proches des aires urbaines accueilleront les modes d'habiter et de pratiques de loisir les plus nombreuses. La séparation entre tourisme et loisir sera de plus en plus réduite, si l'on poursuit sur le schéma actuel d'augmentation du temps libre. L'offre de loisir de la station se rapprochera de plus en plus d'une offre urbaine. On peut penser également que si les plages disparaissent en partie, les pratiques de baignade se feront en bassin, en piscines, en stade nautique pour le surf par exemple. Autant de structures qui pourront se localiser aussi autour des grandes Métropoles.
Les stations proches des Métropoles pourront ainsi proposer une matinée surf ou kayak s'intégrant dans un package découverte de Bordeaux ou de Marseille.
D'après Agnés Pannier-Runacher, on peut s'attendre à la permanence « des attentes majeures : la demande d'adrénaline et de sensations fortes, ce que j'appelle « l'expérience Waou » ! Et à l'inverse, il faudra répondre à la demande de « slow tourisme », de détente, détox, déconnection, nature, bien-être... et in fine d'authenticité. Le tout dans un environnement ultra sécurisé puisque l'on observe que la demande de sécurité ne fait qu'augmenter. » Agnés Pannier-Runacher, Directrice générale déléguée Compagnie des Alpes, Tourisme en 2050. DGE.
Il faudra aussi ajouter la prise en compte des patrimoines et de la durabilité qui participeront aussi à l'attractivité des stations balnéaires en 2050.
L'évolution du temps de travail en France Jean Viard, éloge de la mobilité Essai sur le capital temps libre et la valeur travail.
1848, temps de travail 12 h par jour sans dimanche férié légal et sans dimanche pour beaucoup ;
Sous napoléon III, on travaille dans le peuple 200 000 heures/vie courte ;
1906, le dimanche est férié ;
Samedi après-midi congé pour les femmes après 1918, en reconnaissance de leur participation à l'effort de guerre et pour préparer le dimanche de leur mari ;
1936, avec le Front Populaire journée de 8 heures, semaine de 5 jours et la quinzaine annuelle de congés payés ;
Portée à 3 semaines sous Guy Mollet en 1956 à 4 semaines le 2 mai 1968 ;
5 semaines avec François Mitterrand en 1981 ;
120 000 heures de travail jusqu'en 1960 dans les milieux populaires ;
Actuellement 35 heures hebdomadaires sur 42 années de cotisation à la retraite ; nous avons atteint 67 000 heures travaillées légales obligatoires dans toute l'existence soit près de la moitié de 1936 et le tiers de 1848.