3. Les principaux enjeux littoraux
En Méditerranée ce sont près de 70 millions de personnes qui vivent à moins de 5 km du trait de côte et qui sont potentiellement soumises aux effets de tsunamis de sources proches ou lointaines.
Au niveau du littoral français, les témoignages de hauteurs d'eau historiques (« runup ») couplés aux modélisations numériques, ont permis d'établir tout récemment une zone de danger à évacuer en cas de tsunami correspondant aux secteurs d'altitude inférieure à 5 mètres et distants de moins de 200 mètres du trait de côte. Afin de prendre en compte les risques de pénétration dans les terres, cette distance a été étendue à 500 m au niveau des embouchures des principaux fleuves côtiers. Ce zonage informatif, disponible en ligne, va permette de dimensionner des systèmes d'alerte et d'évacuation, seule parade efficace face à ce type de phénomène à cinétique rapide (figure 2).
Ainsi, de Cerbère (Pyrénées-Orientales) à Menton (Alpes-Maritimes), et en incluant la Corse, 188 communes de Méditerranée française sont susceptibles de devoir alerter et évacuer leur population littorale en cas de tsunami. Cela représente environ 76 000 bâtiments dont 44 000 habitations abritant 175 000 personnes en résidence principale sur près de 1700 km de côtes. D'après nos estimations, ce chiffre peut décupler en pleine journée estivale du fait de la fréquentation des espaces de loisirs et en particulier des plages. Cela représente également 180 ports de plaisance et 23 ports de commerce qu'il faudrait évacuer en un temps record.
Par ailleurs, en cas d'alerte tsunami, les navires, qu'il s'agisse des plaisanciers, des compagnies de navette ou bien même des paquebots de croisière, représentent des enjeux humains et économiques majeurs qu'il faut pouvoir sécuriser très rapidement. L'exposition des bateaux aux effets de la mer induits par un tsunami est très dépendante de leur distance à la côte et donc de la profondeur d'eau. Les résultats de plusieurs simulations de scénarios de tsunamis réalisées à l'échelle portuaire montrent en effet qu'à partir de 60 m de profondeur la vitesse du courant est inférieure à 0,5 m/s soit environ un nœud. Ainsi, l'UNESCO, très impliqué dans la prévention de ce risque au niveau mondial, recommande de mettre en sécurité les gros navires au-delà de l'isobathe 100 m ou à une distance des côtes supérieure à 5 milles nautiques.
