1.3 Recul et instabilité des côtes rocheuses et à falaises

Les falaises sont instables en raison de la conjonction de nombreux facteurs naturels et anthropiques :

  • Les processus marins en pieds de falaises (action des vagues et des courants côtiers)

  • Les processus subaériens ou continentaux (vent, précipitations, infiltrations, météorisation des roches, cryoclastie, haloclastie...) qui agissent sur la face de l'escarpement et au sommet de la falaise.

  • La mauvaise gestion des eaux de ruissellement, l'aménagement de routes (surcharge, déstabilisation des pieds de falaises), le piétement des sentiers, l'exploitation des galets, ou encore la mise en place d'ouvrages de défense comme les épis qui perturbent les transits sédimentaires...

Le potentiel morpho-structural et l'efficacité des processus subaériens et marins sont responsables des modalités d'évolution et des vitesses de recul comme le présente la figure 2. Les vitesses moyennes de recul (m/an) sont relativement rapides dans les matériaux meubles comme les argiles et les éolianites et plus lentes dans des matériaux résistants comme les calcaires et le granite. La vitesse de recul de la falaise granitique est autour de 1mm/an alors qu'une falaise crayeuse recule en moyenne de 10mm/an à plus d'1m/an.

L'image montre un graphique de la vitesse moyenne de recul par rapport à la nature de la roche avec : en abscisses la vitesse moyenne de recul (en mètres par an) ; en ordonnées la résistance de la roche. Selon les différents types de roches du plus résistant au moins résistant (basalte, Granite, Calcaire, Schiste, Craie, Matériaux meubles, Lave volcanique récente). nous pouvons constater que le calcaire à une vitesse de recule élevée, ainsi que la craie et les matériaux meubles.
Recul moyen des falaisesInformations[1]

La difficulté est de déterminer la part respective des agents et des processus responsables du recul des falaises et de quantifier les vitesses d'évolution. L'érosion des falaises est continue, les processus de météorisation fragilisent les matériaux, augmentent les instabilités, jusqu'au franchissement d'un certain seuil qui peut se traduire par des mouvements brutaux et rapides sous la forme de glissements de terrain, écoulements, écroulements, ravinements...

Ces temporalités sont à intégrer dans toutes politiques de gestion du recul des côtes rocheuses et à falaises.

La caractérisation de l'aléa mouvement de terrain repose sur :

  • La réalisation d'un inventaire des mouvements de terrains anciens et récents (approche probabiliste) : ampleur des évènements recensés, période de retour.

  • L'analyse de la prédisposition de la côte rocheuse et à falaise à la survenue d'instabilités. Elle s'effectue sur un diagnostic géomorphologique (formations, pente, volume, fissures, fractures...) et une cartographie morpho-dynamique, mais peut aussi résulter d'une analyse par modèle numérique.

Le tableau 1 est un exemple de critères utilisés pour la définition des niveaux de l'aléa mouvements de terrain.

Tableau 1. Critères de définition des niveaux de l'aléa mouvements de terrain (D'après Aubié et al. , 2011)

Niveau d'aléa

Critères

Contexte physique

Parades envisageables

Nul à faible

Pas de phénomène de mouvement de terrain connu

Pas de parade nécessaire.

Faible

Phénomènes connus d'ampleur limitée.

La présomption d'apparition de mouvements de terrain est faible et les critères de prédisposition de la falaise sont satisfaisants (faibles hauteur de falaise, pente faible...).

Parades supportables financièrement par un propriétaire individuel (maître d'ouvrage individuel).

Moyen

Phénomènes connus d'ampleur et de fréquence moyenne dépassant le cadre de la parcelle, et caractéristiques physiques défavorables (géologie, altération, pendage, venues d'eau...).

Parades supportables financièrement par un groupe restreint de propriétaires (maître d'ouvrage collectif).

Fort

Zones jugées instables (mouvements de terrains actifs) nombreux glissements de terrain recensés et/ou d'ampleur importante. Caractéristiques physiques défavorables.

Parades d'un coût très important et/ou techniquement difficile (maître d'ouvrage collectif dans le cadre d'un projet de grande ampleur).