1.4 Les mesures de gestion des côtes rocheuses et à falaises

Les risques côtiers résultent des aléas (submersion, érosion, migration dunaire), des enjeux et de leur vulnérabilité aux phénomènes côtiers. Les enjeux sont les biens et personnes exposés directement ou indirectement aux aléas (Leone et al., 2010). Ils peuvent être caractérisés par leur propension à être endommagés, ce qui renvoie à évaluer leur vulnérabilité.

Pour réduire les risques côtiers, les solutions face au recul des côtes rocheuses et falaises sont structurelles et non structurelles : une analyse coût bénéfice (ACB) et une étude des enjeux et de leur vulnérabilité doivent permettre d'apprécier les stratégies possibles, lesquelles peuvent être conjointement utilisées dans la gestion de l'érosion des côtes rocheuses et à falaises.

Pour réduire les instabilités des falaises, plusieurs parades géotechniques sont possibles :

  • Protection du pied de falaises pour limiter l'érosion marine (digue en enrochement) ;

  • Stabilisation du versant contre les agents continentaux telle que la végétalisation, terrassement et reprofilage de falaises, ouvrage de drainage, ouvrage de soutènement, filet plaqué, encoche basale maçonnée...

L'aménagement des falaises de la côte des Basques à Biarritz illustre la pluralité des interventions lourdes et coûteuses (20 millions d‘euros) entre 1983 et 2008, qui s'intègrent dans le cadre d'un projet d'aménagements déclarés d'utilité publique (Figure 3). Jusqu'à aujourd'hui, la lutte contre l'érosion marine à Biarritz aura couté plus de 35 millions d'euros.

Photo d'une falaise à Biarritz montrant la ville en haut, puis un drainage en sommet, un terrassement et reprofilage au milieu puis des enrochements en bas de falaise sur la plage.
Aménagements des falaises de la côte des Basques de BiarritzInformations[1]

Ces stratégies peuvent ralentir les processus d'érosion mais ne les arrêtent pas. Le coût de la mise en place est élevé et leur pérennité est étroitement liée à la capacité financière d'assurer leur entretien. Elles sont donc à utiliser dans des espaces à enjeux importants. Toutefois, le laisser faire est à conseiller dans la mesure du possible.

Les réglementations nationales peuvent limiter une occupation des territoires à risque en faisant respecter la loi littorale ou les 50 pas géométriques pour l'ultra marin. Le Plan de Prévention des Risques (PPR) est un outil indispensable pour maîtriser le foncier et éviter d'accroître l'exposition des enjeux aux aléas (Figure 4). L'utilisation de ce document d'urbanisme et son actualisation et les prescriptions pour chaque zone à risques doivent permettre de limiter les conséquences des catastrophes.

L'image présente le Plan de prévention des risques de la commune de Ault - Elle présente le trait de côte avec des zones inconstructibles au delà du trait de côte et des zone à la constructibilité restreinte à l'intérieur du trait de côte.
Plan de Prévention des risques, commune de Ault (Somme)Informations[2]

Enfin, lorsque la situation de danger l'exige, la délocalisation (ou relocalisation ou expropriation selon les cas) nommée repli stratégique devient une solution radicale. Ces procédures sont souvent longues pour trouver un terrain d'entente entre les acteurs (ex : montant de l'indemnisation, acceptabilité) ce qui explique que cette procédure reste rare. A Criel-sur-Mer (Seine-Maritime), face à un risque de plus en plus important, l'Etat a mené plusieurs procédures d'expropriation pour mettre en sureté la population, libérant ainsi cet espace à risque (Figure 5).

Image satellite de Criel-sur-Mer en 2003 avec le trait de côte et des habitations en front de mer / Image satellite de Criel-sur-Mer en 2008 avec un recul du trait de côte provoqué par l'érosion et une disparition des habitations situées en front de mer.
Figure 5. Recul des falaises et expropriation à Criel-sur-MerInformations[3]