1.3 Une donnée nécessaire pour définir des orientations d'aménagement et les financer

Dans une certaine mesure, la station balnéaire fonctionne comme une entreprise. Pour les autorités locales, il s'agit de la faire prospérer et d'y créer de l'emploi. Pour les investisseurs privés, c'est un lieu pour générer de l'argent. S'il peut sembler caricatural, ce modèle reste une grille de lecture très pertinente pour comprendre les dynamiques territoriales caractéristiques d'une commune balnéaire. Et dans ce cadre, les données de fréquentation sont un indicateur de base.

Au-delà du suivi régulier des chiffres de visiteurs dans ses différentes structures d'accueil, l'intérêt de la station pour les données de fréquentation réside également dans la possibilité de les exploiter pour développer des actions plus structurantes. Pour rester attractive, la commune balnéaire doit être dans l'air du temps. Elle doit proposer des services, des équipements et des attractions correspondant aux attentes sans cesse renouvelées des visiteurs. Elle doit aussi se prémunir contre des risques de toutes sortes : sécuritaires (attentats, délinquance ordinaire), géomorphologiques (érosion des plages, submersion marine), et maintenant sanitaires (épidémie de COVID-19). Il en découle des aménagements et des équipements relativement conséquents et coûteux, que la commune seule ne peut assumer sans l'intervention d'investisseurs privés ou celle de la puissance publique. Disposer de données de fréquentation s'avère alors déterminant.

Les chiffres de la fréquentation servent d'argument pour motiver la décision des acteurs en capacité de financer les nouveaux projets, assurés d'avoir un retour sur investissement pour les opérateurs privés et certains d'employer les deniers publics à bon escient pour les acteurs publics. Etendre le port de plaisance et en augmenter la capacité à la Grande-Motte (Figure 3), installer jusqu'à 200 caméras de vidéosurveillance reliées à un Centre de Supervision Urbain à la Baule-Escoublac (projet déployé progressivement depuis 2002), construire le musée Jean Cocteau à Menton (inauguré en novembre 2011), ou déplacer la voie ferrée proprement littorale sur la Riviera du Ponant ligure (partiellement réalisé dans les années 2000), sont autant de réalisations coûteuses qui profitent aux stations balnéaires sans que celles-ci ne les financent entièrement. De bons chiffres de fréquentation peuvent appuyer une demande de soutien financier auprès d'investisseurs privés, soucieux de réaliser des affaires. De mauvais chiffres (élevés ou bas) peuvent quant à eux motiver une demande de subvention aux pouvoirs publics. Dans tous les cas, il faut des chiffres.

Le projet Ville-port de la Grande Motte sous forme de schéma. Au centre de l'image, nous retrouvons le port avec différentes informations, puis se dessine autour de lui, la configuration de la ville grâce à la mise en avant des différents monuments de cette agglomération. Par exemple : L'hôtel de Ville, La grande pyramide, la Capitainerie, L'hôtel Mercure...
Figure 3 : Le projet d'extension du port de La Grande Motte (en cours en 2021)Informations[1]

D'un coût total de 65 millions d'euros, ce projet est autofinancé à hauteur de 5 millions d'euros par la ville, le reste provenant de subventions et d'anticipation sur les recettes et produits de l'exploitation à venir.