2. Du risque au développement durable

Comment sommes nous passé d’une vision accidentelle limitée dans le temps et l’espace du risque, à des enjeux sur le long terme et globaux ?
Si le risque a été longtemps associé à l'idée dominante d'un phénomène accidentel, donc bref dans le temps et sur un espace réduit, ce n'est plus le cas. Il y a des risques immédiats et des risques sur le moyen et le long termes à l'image des risques environnementaux globaux. La gestion de la sécurité et de l’environnement est en pleine évolution. En effet, nous sortons progressivement d’une période de gestion de l’urgence pour entrer dans une période d’anticipation. A l’ère de l’action curative et corrective doit succéder l’ère de l’amélioration permanente et des actions préventives. Nous pouvons également souligner que les rapports au temps et à l’espace ont changé.
Les risques biophysiques (santé, sécurité, environnement…) doivent être mis en perspective des risques socio-économiques (qualité, social, financier…) dans des échelles d’une part de temps allant de l’immédiat à au-delà d'une vie humaine et d’autre part d'espace, allant de la proximité immédiate à l'échelle de la planète du point de vue de la disponibilité des ressources comme de l'impact des activités humaines sur son écologie.

Figure 1 : Transdépendance des dimensions écologiques, humaine et économique (d’après René Passet, 1997)

René Passet, économiste français et l’un des précurseurs en matière d’éco-développement, qui publie en 1979 l’économique et le vivant : "Alors qu'aujourd'hui l'économie est la fin et la personne humaine le moyen de la servir, je pense qu'il faut retrouver le sens de l'humain -non pas en bonnes intentions- mais en tant que finalité. C'est notre défi."  Il propose (Passet, 1997) un modèle (figure 1) où la sphère humaine est comprise entre la sphère économique qu’elle contient et sur laquelle elle fonde l’organisation de son développement, et la biosphère qui l’englobe et dont elle dépend bio-physiquement. Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) appelait de ses vœux dans les années 90 : « le développement humain est une fin dont la croissance économique est le moyen ».
Le sens du mot « nature » évoque l'existence d’un hypothétique réel écologique (« bio-physique »),  auquel l'homme appartient en tant que maillon à part entière de l'écosystème. Cette nature en constante évolution, insaisissable (la science ne peut pas tout expliquer, maîtriser), n'existe qu'à travers le regard qu'on lui porte en tant qu'individu (notre représentation écologique et symbolique au regard de nos besoins) appartenant à un groupe (culture), définissant ainsi « la société ». Cette dernière élabore les techniques lui permettant de modéliser l'ensemble et de le transformer dans un processus dont elle ne maîtrise pas toutes les incidences. Nature et société sont alors étroitement imbriquées.
Exemple

La réintroduction de l'ours dans les Pyrénées remet en question, pour certains, des siècles de lutte contre les prédateurs des troupeaux (les loups, les ours). Alors que pour d'autres, il s'agit de réintroduire une espèce symbolique autrefois membre à part entière de l'écosystème pyrénéen. Différentes cultures s'affrontent sur fond d'enjeux économiques entre préservation des intérêts des éleveurs et attractivité du territoire d'un point de vue touristique.

Activité
Exercice 2

En prenant modèle sur l'exemple précédent, décrire une situation similaire.