3.1 La plage et l'indigence des données de fréquentation

Dans une grande majorité de communes côtières, y compris des stations balnéaires renommées, la connaissance du nombre d'usagers se rendant à la plage n'est pas connu. Dans certaines, des estimations circulent mais les modes de calcul ne sont pas validés ou sont obscurs. Par exemple à Nice, les services de la ville disposent du chiffre de 20 000 personnes par jour sur la totalité de la plage en été, mais ceux-ci ne savent pas dire quand ni comment cette évaluation a été établie. A Marseille, un protocole local indique que les plages de la ville accueillent chaque année entre 1,8 et 2,2 millions d'usagers en saison, soit du 1er juin au 31 août, à partir d'un comptage effectué deux fois par jour sur un espace de référence. En dehors de ces chiffres agglomérés, aucune autre donnée de fréquentation n'est générée par ces deux collectivités. Si des régions font exception, comme Barcelone ou le littoral de la Charente-Maritime, la situation la plus générale concernant la connaissance et l'observation de la fréquentation des plages dans les communes balnéaires est qu'il n'existe pas ou peu de chiffres et encore moins de dispositif d'observation pérenne.

Plusieurs objectifs peuvent être assignés à l'observation des fréquentations d'une plage : évaluer les effectifs d'usagers lors des pics de fréquentation ; suivre la variation temporelle de cet effectif au cours d'une journée ; suivre à la fois la variation du nombre des usagers dans le temps et la variation de leur répartition dans l'espace au cours d'une journée ; suivre les effectifs de personnes sur la plage et dans l'eau ; connaître la fréquentation nocturne ; etc. Simultanément, le besoin de connaissance peut porter sur les pratiques des usagers, leur moyen de locomotion pour venir à la plage, leur lieu de séjour dans la station, etc. Suivant ces objectifs et en fonction des moyens humains et financiers disponibles, divers protocoles peuvent être mis en œuvre.

L'indigence actuelle en matière de données de fréquentation des plages s'explique pour partie par l'absence d'obligation réglementaire en ce domaine. Dans les années à venir, le contexte pourrait toutefois changer et les villes pourraient être amenées à se doter de dispositifs d'observation, pour au moins deux raisons. D'une part, la COVID-19 constitue un tournant qui pourrait inciter les villes balnéaires à démontrer que leurs plages sont des lieux sûrs où la distanciation sociale est assurée. D'autre part, l'essor des nouvelles technologies pourraient conduire à des développements nouveaux qui permettraient la mise en place de dispositifs d'observation efficaces et relativement peu coûteux pour les collectivités.