2.2 Les dispositifs de mesure « traditionnels »

Les données de fréquentation des sites récréatifs et touristiques sont d'une assez grande diversité. Pendant longtemps et jusqu'à aujourd'hui, ces données ont été produites en grande partie par des dispositifs de l'administration territoriale et statistique. Ces dispositifs « traditionnels » correspondent à des outils de suivi de l'activité touristique et économique sur les territoires, d'abord mis en place par les services de l'Etat (fréquentation des hébergements touristiques par le Ministère du tourisme, fréquentation des lieux culturels par le Ministère de la culture, etc.), puis diffusés dans les collectivités locales ou des établissements gestionnaires d'espaces naturels (statistiques de passage aux offices et bureaux de tourisme, aux bureaux d'accueil des parcs naturels, etc.). Par la suite, beaucoup d'autres moyens ont été mis en œuvre pour produire des chiffres de fréquentation et des enquêtes ont également été élaborées pour mieux les comprendre.

Une première catégorie de données concerne celles qui sont dérivées de la facturation d‘un service. Lorsqu'il paie son hébergement dans un hôtel, son entrée dans un musée ou sa place dans une navette maritime pour se rendre sur une île, le visiteur laisse une trace comptable à partir de laquelle il est possible de dériver des chiffres agrégés de la fréquentation. C'est ainsi que l'on connaît le taux de remplissage des hôtels, l'audience d'une nouvelle exposition dans un musée, l'activité d'un port de plaisance, où le nombre de croisiéristes débarquant dans une ville (Figure 5). Cette première catégorie de données est assez fiable, mais tous les services donnant lieu à une facturation et potentiellement « marqueurs » de la fréquentation récréative et touristique ne donnent pas lieu à une remontée d'information. Des opérateurs privés comme un loueur de jet-ski, un restaurateur ou un guide-conférencier, ne sont pas tenus de livrer leurs chiffres d'activité à la différence des structures d'hébergement touristique (par le biais de la taxe de séjour) ou des opérateurs publics et parapublics.

Graphique à deux courbes représentant le nombre de croisiéristes total d'une part, et en transit d'une autre, à Marseille entre 1993 et 2016. En 1993, l'effectif est de 0 pour les deux cas (total et en transit) puis les deux courbes évoluent de manière semblables jusqu'en 1999 avec un effectif relatif à 150 000 passagers.  En 2016, le nombre de croisiéristes total est multiplié par dix, soit 1 500 000 passagers, alors que le nombre de passagers en transit est de 1 100 000.
Figure 5. Exemple de données issues du dispositif de suivi statistique d'une activitéInformations[1]

Une seconde catégorie de données concerne des chiffres qui renseignent indirectement sur le niveau d'activité et de présence de visiteurs. Appelés « proxys » ou données de substitution, ces chiffres ne disent pas exactement combien de personnes sont sur site, mais ils permettent de l'apprécier. Tel est le cas de la consommation d'électricité ou d'eau potable, des volumes traités dans les stations d'épuration des eaux usées, des plaintes au bureau de police, etc. Ces données sont complémentaires des données précédentes avec lesquelles elles permettent de cerner plus finement le niveau de présence de visiteurs sur la station.

Une troisième catégorie de données recouvre des données d'enquête. Elles résultent de démarches explicitement conduites pour mesurer les fréquentations et les caractériser. Ces démarches impliquent le recours à des enquêteurs de terrain qui procèdent à des comptages manuels, à la passation de questionnaires ou à la conduite d'entretiens semi-directifs en des lieux choisis selon une stratégie déterminée : à la sortie d'un musée, sur une plage, sur un marché, etc. (Figure 6). Elles peuvent aussi reposer sur la mise en place d'un équipement permettant de mesurer le passage de personnes en un lieu donné, ce qui permet de gagner du temps, ou encore sur des enquêtes passées au téléphone ou en ligne pour interroger les pratiques des visiteurs potentiels.

Cartes de la Métropole Aix-Marseille Provence et départements voisins, permettant de voir l'origine des usagers des plages marseillaises. L'origine des usagers de la plage de la Pointe rouge est majoritairement (à + de 15 %) du Sud Est de Marseille, mais également des provenances d'Aix-en-Provence et d'Arles (département voisin). La provenance des usagers de la plage de la Lave est quant à elle très localisée (Nord Ouest de Marseille)
Figure 6. Origine des usagers de deux plages de MarseilleInformations[2]