2. Le suivi du trait de côte : outils et mesures
Le suivi dans le temps de la topographie et morphologie du littoral peut être réalisé selon différentes méthodes aux précisions variées (Tableau 2):
La numérisation du trait de côte peut constituer le point de départ.
Cette numérisation nécessite de choisir le trait de côte et une échelle spatiale suffisamment fine. La qualité des images est ici fondamentale pour éviter les biais lors de la numérisation. L'utilisation du drone est intéressante car l'acquisition d'images est rapide et d'une grande qualité. Par exemple, les images drones ont permis d''analyse des changements côtiers et la spatialisation des dommages après le passage de l'ouragan Irma à Saint Martin aux Petites Antilles (Rey et al., 2019). Il a été possible de digitaliser et de calculer l'évolution du trait de côte et de décrire les formes d'accumulation et d'ablation au 1/600 (Figure 2).
Cette échelle d'analyse a permis d'évaluer la diversité des dommages sur la végétation, de relever les cocotiers couchés et orientés par la houle entrante et sortante, et d'en faire des marqueurs de pénétration des flux utiles pour calibrer des modèles de submersion marine, de calculer les pertes et les gains sédimentaires sur des plages et les interactions avec les aménagements côtiers.
La réalisation de profils topographiques : Les mesures peuvent être répétées dans le temps de façon régulière ou bien en fonction d’événements météorologiques extrêmes comme les tempêtes.
Les profils illustrent la topographie de la plage à un instant donné et de son évolution au cours du temps. Les mesures par GPS différentiels présentent l'avantage d'être précises sur la donnée altimétrique.
Si le semis de points est suffisant un modèle numérique de terrain peut être créée. Les MNT permettent de construire des blocs diagrammes en 3D et des cartes topographiques en isolignes (lignes d'égale altitude).
La photographie à intervalles réguliers ou suite à des événements météorologiques extrêmes (par exemple) permet d'obtenir des résultats qualitatifs pouvant déclencher les mesures par des méthodes plus précises.
Les suivis utilisant les techniques de la photogrammétrie ou du laser scanner terrestre permettent de travailler sur des surfaces supérieures au km² avec une très bonne précision et une excellente résolution.
Le choix des outils sera fonction des besoins des gestionnaires du littoral et des moyens mobilisables (financiers, ressources humaines propres).
Méthodes de suivi de la topographie et bathymétrie | Degrés de technicité | Précision (environ) | Résolution (environ) | Surface couverte (environ) | Compétence nécessaires | Coût |
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Suivi par photographies fixes | + | Faible : information visuelle, qualitative | - | Quelques dizaines de m2 selon le point de vue | Tout opérateur non spécialiste | Très modéré (prix d'un appareil photo) |
Mesures par tachéomètre | ++ | 5 à 10 cm | Dépend du terrain et du temps consacré à la collecte des données | 200 à 300 m | Deux opérateurs non spécialistes | Modéré (tachéomètre 4000 à 5000 €) |
Mesures par GPS différentiel | +++ | 5 cm | Quelques hectares | Opérateur non spécialisé pour les mesures de terrain Opérateurs spécialisés pour le traitement (bureaux d'études, universitaires) | Élevé (DGPS : 10k€ environ +coût du traitement) | |
Mesures par techniques photogrammétriques sur images acquises par un drone | +++++ | 5 cm | 5 cm | Plusieurs km2 | Opérateurs spécialisés (bureaux d'études, universitaires) | Elevé (drone, à partir de 20k€ environ + coût du traitement) |
Mesures par scanner laser terrestre | +++++ | 5 cm | à partir de 10 cm | 1 km2 | Opérateurs spécialisés (bureaux d'études, universitaires) | Très élevé |
Mesure de la bathymétrie par sondeur acoustique petit fond | +++++ | 5 cm | 1 m | Plusieurs km2 par jour | Opérateurs spécialisés (bureaux d'études, universitaires) | Extrêmement élevé (appareil 200 k€ + déploiement d'un navire + coût du traitement) |