1. Comment identifier les variabilités et les tendances d'évolution du trait de côte

L'érosion côtière et la submersion marine constituent un sujet de préoccupation de plus en plus prégnant pour les communes littorales exposées aux aléas littoraux.

Le suivi spatial et temporel de l'évolution du trait de côte est indispensable pour aider dans les choix de gestion et d'aménagement. Le choix des méthodes de suivi du trait de côte est fonction des problématiques, des types de milieux littoraux et du budget alloué pour l'acquisition de données de suivi des côtes.

Deux étapes peuvent être soulignées :

1/ Connaître le milieu littoral : Avant toute action de gestion du littoral, il est nécessaire de :

  • caractériser le contexte géomorphologique et géologique de la zone

  • analyser le fonctionnement de la cellule sédimentaire

  • identifier les agents et les processus d'érosion actuels et anciens

  • analyser les réponses morphologiques et sédimentaires de la côte aux aléas côtiers (impacts des tempêtes)

  • analyser les écosystèmes continentaux (végétation) et marins (récif corallien)

  • analyser le poids et le type d'aménagements côtiers et les interactions existantes avec le milieu

  • identifier les pressions humaines sur le littoral (habitations, infrastructures, jetées...), leur degré d'exposition et de vulnérabilité aux aléas côtiers...

2/ Le choix des indicateurs du trait de côte : L'une des grandes problématiques dans la compréhension des dynamiques côtières est la détermination du trait de côte étant donné les choix possibles (Figure 1).

Cette définition est indispensable pour orienter les choix des outils de levé. La numérisation du trait de côte s'appuie sur le choix d'indicateurs.

Ceux-ci doivent être caractéristiques de l'évolution du site en fonction des contextes géomorphologiques et dynamiques de la côte. Il existe différents types d'indicateurs : altimétriques, hydrodynamiques, géomorphologiques et botaniques.

Extrait d'une côte avec les lignes symbolisants les traits de côte et indicateurs. Du large vers l'intérieur des terres : pied de plage sous-marine / ligne du zéro bathymétrique / ligne des basses mers moyennes habituelles / limite sable sec-mouillé / limite supérieure d'humectation de l'estran / ligne du zéro NGF-IGN69 / ligne des pleines mer moyennes habituelles / laisses des hautes mers / crête de berne / pied de dune et la dune embryonnaire plus loin le sommet de l'ouvrage de défense en amont de la zone urbanisée / ligne de crête dunaire et le haut de falaise dunaire, la dune / limite de washover
Figure 1. Cartographie des traits de côte et d'indicateursInformations[1]

Pour les côtes basses (côte sableuse et vaseuse, marais, platier rocheux) microtidales (dont le marnage est inférieur à 2 mètres), les indicateurs de type instantané (indicateurs hydrodynamiques) peuvent généralement être utilisés.

Le trait de côte est défini comme la limite instantanée du jet-de-rive (pouvant correspondre à la laisse de mer) dans des conditions de beau temps (Tableau 1).

Pour les côtes en contexte mésotidale et macrotidale, il est préconisé de définir le trait de côte comme la limite entre la dune et la plage, ce qui correspond selon la configuration géomorphologique à l'un et/ou l'autre des indicateurs suivants (Aubié et al., 2011) : le pied de falaise dunaire (rupture de pente topographique); la crête de dune(ou abrupt de la dune); l'abrupt (rupture de pente en cas d'érosion pour les cordons de galets); la ligne de débris (trace de tempête passée) et laisse de mer; la limite de la berme (zone d'accumulation de sédiments en haut de plage, liée au déferlement); la première barre d'avant-côte (due au déferlement des vagues); la limite de végétation dunaire. Il faut distinguer la végétation pionnière, colonisant les laisses des plus hautes mers (dunes embryonnaires) et la végétation pérenne (type chiendent des sables) établie et prospérant au-delà de la limite des plus hauts niveaux d'eau (Tableau 1).

Pour les falaises, l'indicateur trait de côte correspond à la séparation entre la falaise et l'estran, soit à l'un et/ou l'autre des indicateurs suivants (Tableau 1) :

  • Le sommet de falaise rocheuse ;

  • Le pied de falaise rocheuse ou encore la limite supérieure du cône d'éboulis ;

  • L'encoche basale (limite côté terre de l'encoche, provoquée par le choc des vagues en pied de falaise).

Tableau 1. Indicateurs de trait de côte selon le système côtier (source : BRGM, 2012)

Milieu

Indicateurs de trait de côte fréquemment utilisés

Classe/type

Tous types de plages et dunes (côte sableuse, galets, plage, corallienne ...)

ligne correspondant à l'altitude d'une basse mer moyenne

altimétrique

ligne correspondant à l'altitude d'une pleine mer moyenne

altimétrique

ligne de débris (trace de tempête passée)

hydrodynamique

résurgence d'eau sur la plage

hydrodynamique

laisse de mer

hydrodynamique

limite sable mouillé/sec

hydrodynamique

limite de jet-de-rive

hydrodynamique (instantané ou non)

ligne d'eau instantanée

hydrodynamique (instantané)

première barre d'avant-côte

géomorphologique

berme

géomorphologique

talus de collision (côte microtidale)

géomorphologique

pied de dune

géomorphologique

crête de dune

géomorphologique

abrupt

géomorphologique

limite de végétation pionnière

botanique

limite côté mer de végétation pérenne dunaire

botanique

Côte à falaise rocheuse

ligne correspondant à l'altitude d'une basse mer moyenne

altimétrique

ligne correspondant à l'altitude d'une pleine mer moyenne

altimétrique

ligne de débris (trace de tempête passée)

hydrodynamique

laisse de mer

hydrodynamique

limite sable mouillé/sec

hydrodynamique

encoche basale

géomorphologique

pied de falaise

géomorphologique

sommet de falaise

géomorphologique

rupture de pente topographique

géomorphologique

limite supérieure du cône d'éboulis

géomorphologique

limite inférieure de végétation terrestre

botanique

partie supérieure de la ceinture grise à cyanobactéries

botanique

limite supérieure du lichen marin noir

botanique

Marais maritime

laisse de mer

hydrodynamique

ligne de débris (trace de tempête passée)

hydrodynamique

limite supérieures du schorre

géomorphologique et botanique

limite supérieures de la slikke

géomorphologique et botanique

marais à mangrove

limite de front de mangrove

géomorphologique et botanique

limite d'arrière-mangrove

géomorphologique et botanique

Côte artificialisée (ouvrages en l'absence de plages)

limite côté mer de l'aménagement

géomorphologique

limite côté terre de l'aménagement

géomorphologique

sommet des ouvrages

géomorphologique