Définir les modalités de gestion de la pollution des sols

2.3 Méthodes chimiques

L'oxydation chimique in situ consiste à injecter un oxydant dans les sols (zones saturée et non saturée) sans excavation. Cet oxydant va détruire totalement ou partiellement les polluants. Cette méthode permet donc d'aboutir à la destruction des polluants (aboutissant à la transformation en eau, gaz carbonique et sels) ou à la formation de sous-produits de dégradation généralement plus facilement biodégradables.

Pour information, la réduction chimique in situ consiste à injecter un réducteur dans les sols (zones saturée et non saturée) sans excavation. Ce réducteur est également utilisé dans le but de détruire totalement ou partiellement des polluants organiques et également, dans le cas de polluants inorganiques, de les stabiliser ou les rendre moins toxiques.

Principe de fonctionnement de l'oxydation chimique in situ : L'oxydation est une réaction électrochimique, dans laquelle un composé perd un ou plusieurs électrons. L'oxydant est le composé accepteur d'électron(s), qui devient après réaction un composé réduit. Le type d'oxydant choisi dépend des caractéristiques environnementales (géologie, hydrogéologie, géochimie) ainsi que des caractéristiques de la source de pollution et/ou du panache (type de polluants, distribution). Les oxydants sont principalement utilisés sous forme liquide (permanganate, persulfate de sodium, peroxyde d'hydrogène ...), seul l'ozone est utilisé sous forme gazeuse. Les modalités d'injection influencent fortement les résultats de la dépollution, le résultat sera d'autant meilleur que le contact entre le polluant et l'oxydant est étroit. Il existe trois modes d'injection/récupération différents : l'injection d'oxydants liquides : procédé proche du lavage in situ ; l'injection d'oxydants gazeux (essentiellement pour O3) : procédé proche du sparging/venting ; le malaxage in situ : procédé proche de la solidification/stabilisation in situ par malaxage. Ce procédé moins usité que les autres est plus adapté pour les sols moins perméables et moins hétérogènes. Dans la majorité des cas, les gaz et les eaux souterraines sont pompés et traités.
Figure 008: Oxydation chimique in situ (BRGM 2010).

Dans le cas de l'injection in situ d'un oxydant dans le sol, dans la zone saturée ou insaturée, le polluant perd un ou plusieurs électrons. L'oxydant est le composé « accepteur » d'électron(s) qui devient, après réaction, un composé réduit.

Le choix de l'oxydant dépend de la géologie, de l'hydrologéologie, de la géochimie du site et de la nature de la pollution. Les oxydants sont principalement utilisés sous forme liquide (permanganate, persulfate de Na, peroxyde d'H2, etc) sauf cas de l'ozone.

Il existe trois modes d'injection : 1/ oxydants liquides : procédé proche du lavage in situ, 2/ oxydants gazeux : procédé proche du sparging/venting, 3/ malaxage in situ : procédé proche de la solidification/stabilisation in situ, adapté aux sols moins perméables et moins hétérogènes.

Généralement, on procède au pompage et traitement des gaz et des eaux.

Les oxydants les plus puissants ont les caractéristiques suivantes : 1/ temps de ½ vie et donc rémanence plus faible, 2/ rayon d'action plus faible, 3/ spectre de polluants oxydables plus faible.

Quelques exemples d'oxydants sont présentés tableau 005.

Tableau 005 : Potentiel d'oxydo-réduction de quelques couples des oxydants les plus courants (référence : H2/H+ à pH=0 à 25°C) (BRGM, 2010).

Permanganate

MnO4- + 8 H+ +5e- → Mn2+ +4 H2O

+ 1.52 V

Peroxyde d'hydrogène

H2O2 + 2 H+ +2 e- → 2 H2O

+ 1.77 V

Persulfate de sodium

S2O82- + 2e- → 2 SO42-

+ 2.00 V

Ozone

O3 + 2 H+ + 2 e- → O2 + H2O

+ 2.07 V

Radical hydroxyle

2 OH• → ½O2 + H2O

+ 3.03 V

Le cas du permanganate, du peroxyde d'hydrogène, de l'ozone et du persulfate sont détaillés dans le tableau 006 (Touzé et al., 2004)[1].

Tableau 006 : Caractéristiques sur l'utilisation du permanganate, du peroxyde et de l'ozone. (Touzé et al., 2004).

Permanganate de potassium ou de sodium

Fenton (Peroxyde d'hydrogène)

Ozone

Persulfate

Mécanisme réactionnel

Transfert d'electrons

Chaînes de réactions faisant intervenir des radicaux libres

Chaînes de réactions faisant intervenir des radicaux libres

Chaînes de réactions faisant intervenir des radicaux libres

Cinétique

Rapide

Très rapide

Très rapide

Rapide

Conditions pH optimales

Basique - acide

Acide

Acide

Basique

Sous produits

MnO2

H2O, O2, ion ferrique

O2

Sulfate

Polluants récalcitrants

Acide trichloracétique, chloroforme, PCBs

CHCl3, persticides

Acide trichloracétique tétrachlorure, CHCl3, pesticides, PCBs

PCBs

Avantages

  • Plus stable → plus de chance de dégrader les polluants non touchés lors de la phase d'injection.

  • Large gamme de pH

  • Beaucoup de retour d'expérience

  • Beaucoup de retour d'expérience

  • Production de O2, stimule l'activité biologique et aide à la volatilisation des polluants

  • Facilité d'application dans la zone non saturée

  • Moins d'interaction avec la matière organique

  • Stable

  • Peut-être combiné avec le permanganate

Inconvénients

  • Production de MnO2 dans le sol → perte de perméabilité

  • Trace en métaux dans le produit industriel

  • Non efficace dans des environnements alcalins

  • Peu stable → difficulté de mise en place

  • Peu stable → problème de sécurité

  • Émissions gazeuses en surface

  • Peu stable → difficulté de mise en place

  • Peu stable → problème de sécurité

  • Émissions gazeuses en surface

  • Localement conditions fortement acides

  • Peu de retour d'expérience

Catalyseurs

Ions ferreux

Ions ferreux, H2O2, température élevée

Le dimensionnement est similaire à celui du venting. L'efficacité de la méthode varie de 50 à 95%.

Avantages : 1/ procédé destructif adapté à un large spectre de polluants, 2/ réactions rapides, 3/ oxydation pouvant être complète, 4/ oxydants peu onéreux et d'une durée de vie faible (H2O2, O3) ou déjà naturellement présents dans les eaux souterraines (Fe, Mn).

Inconvénients : 1/ risque de transfert des contaminants et des oxydants dans les eaux souterraines (déplacement de la pollution), 2/ risque d'altération des propriétés physique, chimique et biologique du sol (Ex : destruction de la matière organique du sol sur laquelle sont adsorbés les polluants), oxydation de certains métaux/métalloïdes présents sous forme réduite et précipitées (deviennent mobiles), 3/ sous-produits parfois plus toxiques que le polluant initial si oxydation incomplète (Ex : chlorure de vinyle issu de l'oxydation du perchloréthylène et du trichloréthylène), 4/ oxydants peu sélectifs (n'oxydent pas que le polluant) d'où consommation d'oxydants qui peut être plus importante que prévue, 5/ traitement des effluents souvent requise, 6/ solutions oxydantes parfois toxiques pour l'environnement, 7/ efficacité du traitement réduite en sols peu perméables et/ou hétérogènes (sauf dans le cas du malaxage in situ).

Coûts et délais : 40 à 95€/t de sol traité. Pour les eaux souterraines, 30 à 115€/m3 d'eau traitée en place. Les traitements durent de quelques semaines à quelques mois.

  1. Touzé S., Chartier R., Gaboriau H. (2004)

    Etat de l'art sur les Barrières Perméables Réactives (BPR). Réalisations, expériences, critères décisionnels et perspectives. BRGM/RP-52973-FR, 131 p.

2.2.2 Méthodes physiques par piégeage de la pollution2.4 Méthodes thermiques
AccueilAccueilImprimerImprimerRéalisé avec Scenari (nouvelle fenêtre)