3. Sociétés littorales et stratégies d'adaptation aux risques de submersion et d'érosion marine.

« l'avenir ne se prévoit pas, il se prépare »

Maurice Blondel

« Quelle importance sociale doit-on donner aux risques naturels ? Comment construire intellectuellement un système de risques qui prenne en compte à la fois ceux auxquels une société est soumise et tous les avantages recherchés qui leurs sont associés ?  »

Ce questionnement proposé par Hervé Franquart (2016) est au cœur de la problématique des stations balnéaires en 2050. A la pollution, aux crises économiques, écologiques, sanitaires, ce pose l'échelle des risques ... le risque de vol dans une maison secondaire est certainement plus courant que le risque de submersion marine ... et la crise sanitaire qui commence en 2020 engendre un risque économique plus important qu'un dégât par tempête, car elle porte en elle les germes de l'incertitude temporelle, à quel moment reviendra-t-on à une situation normale ? Cependant, on peut estimer que les risques côtiers, par leur ampleur et leur caractère irrémédiable engendreront le plus d'aménagements créateurs de tensions à venir.

Présentation des facteurs directs et indirects de la station balnéaire. > Facteurs directs (état de vulnérabilité) : Géographiques, Physiques, Corporels, Psychosociologiques. > Facteurs indirects (profonds explicatifs) Socio-économiques, Organisationnels, Institutionnels et politico-administratifs, Socio-culturels, Historiques.
Figure 1. Les facteurs de vulnérabilité de la station balnéaire.Informations[1]

La résilience territoriale dépend de la capacité d'adaptation des individus qui varie et se modifie en fonction de la culture, de l'âge, de la situation familiale, de la profession. Cette capacité d'adaptation est aussi facilitée par le niveau de vie et dépend des politiques publiques. Enfin la maitrise et la connaissance des milieux de vie constituent aussi des facteurs importants. (Quenault B, 2013).

Schéma représentant les différents éléments capable d'avoir un rôle et une influence au changement climatique. Tous les éléments sont liés entre eux : l'environnement, les politiques publiques, la culture d'origine, l'âge et situation familiale, cognition (connaissance et prise de décision) et l'activité et niveau de ressources.
Figure 2 : Capacité d'adaptation au changement climatique -Informations[2]

Les stratégies d'adaptation à l'érosion côtière

Pour le Ministère de l'écologie, de l'énergie et du développement durable et de la mer, on peut considérer 4 stratégies d'adaptation à l'érosion côtière et à la submersion marine.

Option 1 : Suivre l'évolution naturelle là où les enjeux ne justifient pas une action de gestion du trait de côte. Il s'agit de laisser-faire la nature, quand en arrière du littoral, on ne trouve pas d'habitat, mais des espaces naturels.

Option 2 : intervenir de manière limitée en accompagnant le processus naturel de mobilité du trait de côte. Dans ce cas de figure, limiter la fréquentation d'une dune ou d'une falaise, replanter une végétation adaptée, peuvent suffire. Il est parfois nécessaire de poser des ganivelles, mais dans d'autres cas une simple ligne de poteaux constitue un marqueur symbolique à ne pas franchir (Saint-Jean de Monts).

Parallèle à la mer, nous pouvons voir des poteaux plantés le long de la dune embryonnaire
Figure 3 : Fil lisse à Pont d'Yeu (Notre-Dame-de-Monts)Informations[3]

Option 3 : organiser le repli stratégique des constructions existantes derrière une nouvelle ligne de défense naturelle ou aménagée. En 2020, cette solution est adaptée aux espaces présentant des enjeux réduits, déplacement d'un chemin ou d'une piste cyclable trop proche du littoral, de quelques maisons ou caravanes situées en bord de mer, recul d'emplacements dans un camping afin de permettre un enrochement important (Bahroun S., 2018).

Option 4 : Maintenir le trait de côte en conservant, en modifiant ou en réalisant des ouvrages de défense côtières, soit par des techniques dures comme la construction d'un enrochement, soit par des techniques souples comme le rechargement de plages ou de dunes. Dans des milieux déjà bâtis, la première ligne d'habitations peut aussi connaître une requalification de ces fonctions, de l'habitat à l'accueil de commerces, bars, restaurants. En cas de submersion, ils atténueront le choc pour le quartier situé en arrière. N'accueillant pas de population résidentielle, ce type d'adaptation permet de limiter les pertes humaines et si les prévisions météorologiques sont prises en compte, les commerçants et restaurateurs ont le temps de mettre à l'abri meubles, électroménager, et marchandises. Les exemples de Sainte-Anne et de Deshaies en Guadeloupe (Desse, 2020), montrent bien une prise en compte des risques cycloniques et des houles associées depuis le cyclone Hugo en 1989. Les anciennes maisons de pêcheurs qui bordaient la plage sont aujourd'hui transformées en restaurants, commerces liés au tourisme, entreprises de location ou d'offre nautique à la journée. Il peut y avoir de l'hébergement touristique, mais il est rare et facile à évacuer si nécessaire.

Cartes d'une ville guadeloupéenne regroupant les localisations des marchés, des commerces et différents hébergements et restaurants le long du littoral.
Figure 4. La requalification territoriale du front de mer de Sainte-Anne en Guadeloupe. Les activités liées au tourisme et au nautisme ont remplacé un habitat exposé aux risques de submersion.Informations[4]
Cartes d'une ville guadeloupéenne regroupant les localisations des marchés, des commerces et différents hébergements et restaurants le long du littoral.
Figure 5. La requalification territoriale du front de mer de Deshaies en Guadeloupe. Les activités liées au tourisme et au nautisme ont remplacé un habitat exposé aux risques de submersion.Informations[5]