1. Une nouvelle sociologie des habitants du littoral ?

Les stations balnéaires, de la première génération (XIXème siècle), les communes rurales ouvertes au tourisme dans les années 1960, comme les stations nouvelles construites ex nihilo sont appropriées et habitées par des populations variées qui se modifient en permanence.

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Dans les années 1980, 1990, une station touristique d'une commune rurale en Bretagne ou en Vendée, connaissait une majorité de population locale ayant toujours vécue dans la commune. Le quart de la population était aussi composé de personnes ayant émigré durant leur vie active et qui revenaient en fin de carrière ou au moment du départ à la retraite. Le dernier quart se composait de personnes étrangères à la commune. Pour autant, il s'agissait souvent de touristes, qui du camping, à la maison secondaire fréquentaient la station et qui décidaient de s'y installer au moment de la retraite. Cette dernière catégorie, déjà bien intégrée au milieu local, pouvait participer et parfois briguer des mandats électifs. Un décès dans le couple, la maladie pouvait très vite rappeler l'éloignement de la famille et un certain isolement au passage vers le 4ème âge.

Déjà, sur les côtes de Méditerranée, l'héliotropisme attirait de nombreux retraités de la région mais aussi venant de toute la France, dont le nombre dépasse très vite les populations locales, réduites à développer une économie résidentielle. Ce tropisme vers la mer devrait se poursuivre d'ici 2050, accentuant les clivages « riche/ancien » et « pauvre/jeune » et la poursuite de l'évolution des stations balnéaires en polarités urbaines à l'année.

A ces catégories sociales, les stations balnéaires accueilleront aussi de nouveaux métiers plus qualifiés nécessitant l'appel à de nouveaux résidants du littoral. En effet la multiplication des parcs marins, des réserves naturelles, la création de récifs artificiels pour protéger les côtes ou à des fins touristiques, l'intégration des écosystèmes sensibles dans l'offre de découverte et de mise en valeur de la station créeront de nouveaux emplois. De la même manière, les sports nautiques qui se pratiqueront à l'année, le secteur des énergies marines, des micro algues et de la santé, voir le biocarburant, les scientifiques et médiateurs scientifiques vont générer une population littorale plus en lien avec la mer que les générations précédentes qui répondaient à la demande des touristes ou des retraités à l'année et avaient développé une économie résidentielle. Si pêcheurs et aquaculteurs du secteur primaire constituaient les professionnels de la mer, en 2050 ces derniers seront largement plus nombreux dans le secteur tertiaire.

Dans le même temps, les touristes seront aussi plus nombreux et offriront aussi une grande diversité sociologique. Si on poursuit les tendances actuelles, la France serait le deuxième pays réceptif du monde avec 114 millions de touristes internationaux, derrière la Chine (130 millions) et devant les USA (102 millions) (Lacroix D, 2013). Les stations balnéaires proposeront une offre touristique de grande qualité, des espaces préservés du fait de la poursuite des acquisitions et de la gestion du Conservatoire du littoral, et de la politique de mise en réserve, de création des AMP. L'offre patrimoniale, sportive, de loisir devrait poursuivre leur progression. Enfin, les stations balnéaires, devenues de véritables petites villes, bien reliées à l'arrière-pays, aux moyens de transport, attireront une clientèle urbaine, dans une planète très urbanisée.

Au côté de la clientèle française classique ou européenne actuelle, on peut penser que les touristes originaires d'Asie mais aussi d'Afrique seront plus nombreux, surtout dans les stations prestigieuses, mais aussi dans celles qui présentent un caractère marqué. Il s'agira pour certain, de primo touristes, qui côtoieront des touristes expérimentés, nécessitant d'adapter les offres et les services.

Le tourisme de masse essentiellement européen et sans doute aussi asiatique et africain constituera un premier groupe. Un second sera composé de touristes « branchés » aux profils variés : cadres supérieurs internationaux, jeunes diplômés, citadins nomades... à la recherche d'une expérience, d'un concert, d'une exposition, d'un court séjour à proximité d'un aéroport pour un séjour court et actif. Un troisième groupe se composera d'une élite très aisée, recherchant des quartiers réservés, clos protégés autour d'un golf, à proximité d'un port de plaisance accueillant la grande plaisance, d'un centre tertiaire de haut niveau (commerces de luxe, offre de service de haut niveau), d'un aéroport. Enfin un dernier groupe, peut-être plus important qu'aujourd'hui constitué de personnes en recherche d'autres pratiques touristiques, ancrées sur l'économie circulaire, la proximité, la recherche de modes d'hébergement alternatifs.

Entre ces catégories, les formes d'hybridation sont nombreuses. Un touriste, pouvant en fonction de son expérience à l'échelle d'une vie, d'une année se comporter en citadin branché, puis dans le cadre familial adopter des comportements et des modes de consommations propre au tourisme de masse.